Je bande donc je suis, le premier roman culte underground d’Erik Rémès sort enfin en poche. Je bande donc que je suis est un de ces romans qui marque son époque. Récit d’une décennie, il se place d’emblée dans la texture même des années 90, tant il évoque l’urgence, la quête individuelle de sens et la fragmentation du réel.
Dans Je bande donc je suis, le sexe est mis en avant, avec ostentation. Mais s’agit-il vraiment d’un roman sur « la manière dont les pédés baisent entre eux » ? Assurément oui, de prime abord, mais très vite le lecteur se rend compte que le propos n’est pas si simple ou du moins ne peut se réduire à la scrupuleuse comptabilité des mille et une façons dont un jeune gay aujourd’hui peut user et abuser de son corps.
L’auteur sait aussi qu’il ne fera pas l’économie de devoir se justifier sur la manière dont son héros aborde la sexualité au temps du sida. On le traitera d’irresponsable pour avoir mis en avant un personnage séropositif qui non seulement a des relations sexuelles non protégées, mais revendique même le désir du sexe sans précaution, en toute connaissance de ses conséquences.
Par-delà la mise en avant d’un certain mode de vie, l’auteur nous invite surtout à partager une recherche exigeante, celle de la connaissance de soi. Ce « connais toi toi même » qui est la réelle dynamique de Je bande donc je suis est d’autant plus fascinant à déchiffrer qu’il se déploie en de multiples champs d’écriture l’introspection propre à l’écrit intime, la poésie, mais aussi parfois le détachement d’un récit qui s’assimile presque au reportage.
Erik Rémès, 39 ans, écrivain, journaliste et peintre, est titulaire de maîtrises de psychologie clinique et de philosophie. Il a défrayé la chronique en 2003 avec Serial Fucker, journal d’un barebacker (Éd. Blanche).
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