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Le mariage célébré, le maire poursuivi

Sous les applaudissements des uns et les quolibets homophobes des autres le premier couple homosexuel a été marié par Noël Mamère en mairie de Bègles samedi dernier.

Stéphane Chapin et Bertrand Charpentier se sont dit « Oui » devant un Noël Mamère qui ne feignait en rien son émotion suite à une pression énorme qui pesait sur la célébration.

Les menaces de sanctions annoncées ont vite été mises en application. Le Ministre de L’Intérieur, Dominique de Villepin, pressenti pour remplacé Jean-Pierre Raffarin à Matignon, annonçait dès la fin de la cérémonie que des sanctions administratives étaient engagées et le Maire de Bègles recevait de la Préfecture de Gironde la signification d’une procédure de suspension d’un mois de sa délégation de Maire. Dominique Perben, Garde des Sceaux qui freine des deux pieds toute avancée législative sur les questions LGBT, a exigé qu’une requête en nullité du mariage « soit immédiatement déposée ». La dramatisation de l’évènement au niveau gouvernemental risque fort de conduire au bras de fer avec les associations LGBT.

Suite aux menaces prononcées la semaine dernière par le Premier Ministre, la mise en jeu de procédures exceptionnelles et la gravité des interventions des Ministres de l’Intérieur et de la Justice ont de quoi surprendre. Alors que les associations LGBT, comme le Président de l’Assemblée Nationale, appellent à l’instauration d’un vrai débat sur le mariage homosexuel, idée formulée au plus haut sommet de l’Etat mais non suivie d’effets, l’épreuve de force est engagée.

Un groupe de manifestant opposé à la célébration a scandé et affiché des slogans rappelant les heures noires du débat sur le Pacs. Philippe De Villiers, prompt à bénéficier d’une fenêtre médiatique en pleine campagne européenne, s’est joint aux contestataires. Florilège des propos homophobes tenus : « Mamère, la loi tu la prends par derrière », « Hier le Pacs, aujourd’hui le mariage et l’adoption, demain l’inceste et la pédophilie », « Un père et une mère, oui ; des tantes, non », « A quand le mariage zoophile ? ».

Nous n’avons entendu aucun des Ministres « Pères fouettards » ou responsables politiques publiquement condamner ces propos. Sans tomber dans la dictature de l’émotion, ce n’est pas la célébration du mariage de deux personnes qui s’aiment qui devrait faire réagir promptement l’exécutif. L’action gouvernementale pourrait s’enorgueillir d’avantage en condamnant de manière solennelle les propos homophobes tenus.




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