Politiques, stars, scientifiques, associatifs se sont donnés rendez-vous en Thaïlande sous le slogan «Accès pour tous» pour une 15eme conférence mondiale sur le sida qui pointe du doigt les écarts grandissants entre pays riches où le Sida est traité par les autorités publiques et dans lesquels les patients ont accès aux thérapies, et les pays pauvres dont l’accès aux médicaments est encore impossible sous la pression criminelle des firmes pharmaceutiques, d’une part, et du défaut d’aides financières massives des pays industrialisés.
Onusida qualifie la pandémie comme « la plus grande catastrophe sanitaire de l’humanité» alors que les chiffres font froid dans le dos : 37,8 millions de malades du sida dans le monde. En 2003, près de 5 millions de personnes ont été contaminées et «48 millions d’actifs pourraient être décédés des suites du sida d’ici 2010, et 74 millions d’ici 2015» prévient toujours Onusida. Kofi Annan, Secrétaire Général de l’ONU, a pointé les conséquences sociales et économiques de la pandémie pour des pays qui croyaient encore en un possible développement.
Les pays occidentalisés enregistrent une recrudescence de cas due au « relapse » pour les homosexuels et aux contaminations hétérosexuelles touchant particulièrement les populations immigrées. L’Asie enregistre une forte augmentation du nombre de séropositifs notamment à cause du manque d’actions de santé publique des gouvernements locaux. L’Europe centrale et les anciens pays du bloc soviétiques voient quant à eux une recrudescence des cas de contaminations dues à l’usage de stupéfiants par voie intraveineuse. Enfin, l’Afrique demeure le continent au sein duquel le Sida décime des populations entières et où la médication reste marginale faute de moyens financiers suffisants.
Des espoirs. Le fond global de lutte contre le Sida voit ses moyens augmenter, permettant ainsi une prise en charge thérapeutique accrue des malades des pays sous développé. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rendu publics les premiers résultats encourageants de son initiative «3 par 5» c’est-à-dire 3 millions de personnes traitées avant la fin 2005 , lancée en décembre.
Toutefois, ces initiatives restent insuffisantes et l’absence de politique globale de santé publique, de soutien financier massif des pays riches et de la généralisation des médicaments génériques dans les pays les plus touchés ne viendront pas enrayer la courbe croissante des morts et contaminés.
L’inaction des uns et des autres à cette échelle, alors que les moyens financiers et les traitements permettant la prise en charge mondiale des malades sont possibles, fait que l’on assiste non pas à« la plus grande catastrophe sanitaire de l’humanité» mais à un crime contre de l’humanité.