Le Président Chirac, à son habitude, se positionne sur la scène internationale avec des élans de générosité sociale tiers-mondiste que l’on ne lui connaît pas en politique intérieure, à moins de nous refaire le coup de la fracture sociale. Règle vérifiée une nouvelle fois hier, intervenant par visioconférence au Sommet économique de Davos.
Le Président Français devant un auditoire international acquit au libéralisme a proposé la création « à titre exceptionnel » d’ « une contribution sur les transactions financières internationales » , pouvant rapporter dix milliards de dollars par an, une autre sur « les flux de capitaux sortants et entrants » dans les pays qui maintiennent le secret bancaire, « une contribution sur le carburant utilisé par le transport aérien et maritime » et « un faible prélèvement sur les trois milliards de billets d’avion vendus chaque année dans le monde » .
La communauté internationale, a ajouté Jacques Chirac, était « en train d’échouer face à cette terrible pandémie » et qu’il fallait « mobiliser au moins 10 milliards de dollars par an » pour enrayer la progression du sida.
Il avait attaqué son intervention par des phrases qui, à défaut de le rendre nobélisable, auraient fait passer Gandi pour un égoïste : « Le monde souffre de façon chronique de ce que l’on a appelé (…) les tsunamis silencieux. Famines, maladies infectieuses qui déciment les forces vives de continents entiers, violences et révoltes, régions livrées à l’anarchie ; mouvements migratoires non maîtrisés ; dérives extrémistes, terreau fertile au terrorisme » ou « Vaincre la pauvreté par l’alliance du marché et de la solidarité. Telle doit être notre ambition partagée » .
Un mérite, celui de donner des pistes objectives et concrètes. Un écueil, il ne s’agit que d’une déclaration d’intention, fort jolie s’il en est, mais qui ne donnera pas aux millions de personnes contaminées de traitement alors qu’ils n’ont déjà pas de quoi prendre de l’aspirine. Gageons avec ces propos que la France sera l’un des premiers contributeurs au fond mondial de lutte contre le Sida. Cela commence déjà mal au niveau national la dotation attribuée par l’Etat au Collectif Sida Grande Nationale 2005 est de 65 000 euros, le prix d’une grosse berline…