Act Up Paris lance sa première campagne grand public réalisée par une agence de communication, CLM/BBDO. Conçue par Fred Lutgé et Dimitri Guerassimov, réalisée gracieusement par le photographe Rankin, elle rappelle que le sida est là, qu’il est l’affaire de toutes et de tous, qu’il est une maladie et non une tare réservée à ce que l’on recommence à appeler des «groupes à risques».
Pour autant le style visuel et la phraséologie d’Act Up demeure et l’association explique sa position : «Face au constat, partagé par tous les acteurs, d’un retour en arrière dans la perception de la pandémie nous oblige à repenser nos modes d’intervention et il nous impose d’abord de nous faire entendre. De toute urgence». La campagne qui se décline sous deux visuels distincts est accompagné d’un message sans ambiguïtés :
«- Le sida ne vous concerne pas ?
– Bien sûr que non. Le sida c’est pour les putes, les tox et les pédés… à la limite les nègres. Moi, je suis blanc, normal et moderne. Et en plus je suis baptisé. J’ai rien contre le revival 80’s mais soyons sérieux… Mettre une capote ? Et pourquoi pas mater un porno en VHS ?»
Act Up Paris dénonce le lieu commun qui voudrait que «Le sida c’est fini, le sida c’est les autres. C’est en tout cas le sentiment qui se propage insidieusement depuis l’apparition des trithérapies. Une épidémie d’illusion qui nourrit la réalité du désastre jour après jour. Face à des chiffres mondiaux toujours plus apocalyptiques (mais toujours plus immatériels et désincarnés) les consciences s’usent et les pratiques se relâchent. Au point qu’en France, les contaminations repartent et repartent vite : 6000 nouveaux diagnostics en 2004, 7000 en 2005. Au point même que la perception de cette maladie devenue fantomatique s’accompagne d’un retour à l’ignorance, à la stigmatisation et au rejet.».
L’association activiste revient également sur la judiciarisation des cas de contaminations : «Depuis 2004 se multiplient les affaires judiciaires contre des séropositifs ayant contaminé leurs partenaires. Cette judiciarisation de la maladie pose au moins trois problèmes. Le premier est celui de la stigmatisation des séropositifs qui deviennent, par ces procédures, les seuls responsables de la propagation du virus. Le second c’est l’idée qu’il y aurait des séropositifs victimes (les femmes hétérosexuelles essentiellement) et les séropositifs potentiellement coupables ou qui l’ont, dans tous les cas, bien cherché : putes, pédés, drogués, étrangers… Le dernier problème, le plus aberrant en terme de prévention, c’est l’illusion que la confiance et la sincérité seraient des outils de prévention efficaces. Une très grande part des contaminations est évidemment le fait d’un statut sérologique méconnu. A cet égard, l’idée de se protéger par la « parole vraie » est une dérive particulièrement dangereuse.».
Le quotidien Libération a été le premier à diffuser cette campagne, jeudi 30 mars.
EN SAVOIR PLUS
Le site d’Act Up Paris : www.actupparis.org
Le communiqué complet d’Act Up : Ici
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