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EDITOF 02 : C’est décidé je me mets au ukulélé !

Comme d’habitude il y a d’abord eu la phase « Recherche de la Nouvelle Tare », en quelque sorte la partie « chasse et pêche » du programme, où le spectateur, autant que le jury, commence à discerner ceux qui ont du vrai potentiel, mais où il se tord aussi de rire, devant le pathétique de certains autres, qui, au mieux pourront toujours espérer se retrouver dans le « top des inoubliables » lors des primes. Et là la grosse machine qu’on connaît, sous les bons auspices de Saint Audimat, est à nouveau partie sur les chapeaux de roues, encouragée par nos jugements bas et moqueurs, même pas emprunts d’une pointe de culpabilité. Oui, c’est un peu comme se payer la tête de quelqu’un qui se casse la figure dans les escaliers du métro ! Oui, c’est un peu comme être pris d’un fou-rire en plein enterrement ! C’est irrépressible et pas très finaud, mais c’est justement pour ça que c’est tellement bon et qu’on en redemande. Et puis après tout, le mec qui se paie un gadin en pleine rue, lui, il n’a convoqué aucune caméra, pour que des milliers de téléspectateurs évaluent sa performance ! Si ça aussi, c’est le prix du quart d’heure de célébrité, dont parlait le visionnaire Andy Warhol, je ne vois vraiment pas pourquoi on ne s’en amuserait pas …

Pour avoir de vraies raisons d’avoir honte, il aurait en fait fallu se trouver aux Etats-Unis, où comme souvent on a récemment atteint les sommets de ce qui se fait de plus subtil (je suis ironique bien sûr). Figurez-vous que c’est là qu’une émission au concept similaire a été tentée, mais dans le but cette fois, d’élire les pires casseroles, tout en leur faisant croire qu’elles avaient le talent d’un nouveau Michael Jackson ou d’une nouvelle Mariah Carey. Dispositif télévisuel aidant, public de connivence avec le jury, pancartes d’encouragements et groupes de fans bidon, tout dans le programme était mis en oeuvre pour échafauder l’humiliation ultime de la candidate lauréate, a qui on a fait réaliser au tout dernier moment qu’elle s’était faite berner durant les 8 semaines d’ « aventure télévisuelle ». On n’ose à peine penser aux séquelles psychologiques engendrées par un tel traitement. Heureusement, une telle descente en flammes, de surcroît organisée, n’a pas convaincu le public, et ne risque donc pas de faire son apparition en France, mais tout de même, on se demande encore comment on peut avoir l’esprit assez tordu pour imaginer un plan aussi monstrueux …

Mais revenons à notre Nouvelle Star bien française, a priori plus respectable, qui vient d’achever sa deuxième phase, celle des épreuves au théâtre, « plus difficile pour les nerfs tu meurs ». En fait jamais la compétition n’a été autant dramatisée, renforcée à coup d’effets visuels et sonores. De la musique oppressante, aux gros plans brutaux, en passant par les bruitages, les larmes, la crise de nerfs et l’abandon d’une candidate juste avant qu’arrive son tour, le malaise dû à la prestation périlleuse de mister beat box, toutes les ficelles du cinéma à grand spectacle, entre thriller suspense et frissons, étaient réunies. Mais les chouchous ont été repérés depuis longtemps, et c’est surtout parce qu’on ne veut plus les lâcher qu’on suit désormais l’émission.

Des chouchous il y en a pas mal, de Ilyès, le marseillais à la voix de Garou, à Raphaëlle, la prof de chant émotive. Il y a aussi Martine la traqueuse – désolé mais je reste hermétique aux voix féminines – ou encore Vincent, qui retient difficilement ses larmes. Mais dès les auditions, celui qui a séduit, avec sa voix chaude et atypique, son style entre folk et pop, la barrette retenant ses boucles blondes, son humour décalé, son culte du kitsch et j’allais oublier, son Ukulélé, c’est Julien. Julien qui avait pourtant déjà tous les attributs d’un futur « inoubliable », et que Marianne James dirigeait illico-presto vers la sortie avant qu’il n’impose sa personnalité, sa présence scénique et bien sûr sa voix, un talent rare, comme elle le dira ensuite en forme de mea culpa.

Si l’énergumène n’est peut-être pas celui qui va gagner, il est probablement celui dont l’univers suscite le plus de curiosité, sans parler de ses tatouages « Marcel Duchamp » (l’artiste qui décida tout de même qu’un urinoir pouvait être une oeuvre d’art) et « Jean D’Ormesson » (célèbre romancier). Comment ne pas tomber sous le charme du candidat probablement le plus hype du programme ?

En plus de cela Julien, est déjà à la tête de deux groupes plutôt rock aux influences pointues, de Nick Cave à Neil Young, excusez du peu, et sobrement baptisés The Jean D’Ormesson Disco Suicide, et Dig Up Elvis. Irrésistible je vous dis ! Et preuve d’un succès en marche (mais pour qcombien de temps ?), les sites myspace des deux groupes verraient depuis jeudi soir, leurs fréquentations augmenter de mille visites par quart d’heure (la chanson texane des présélections s’appelle « Funny Fishy Pussy ») tandis que les vidéos des auditions de Julien auraient déjà été vues des dizaines de milliers de fois.

Bien sûr tout n’est pas joué! Mais avouez qu’il y en a pour le moment moins à dire sur les autres candidats. A surveiller de près tout de même aussi, le fameux Pierre, interprète inouï de La Boîte de Jazz de Michel Jonasz, mais va-t-il nous refaire le même numéro à chaque prestation ? J’en ai bien peur … Une fois de plus la barre est haute, et il s’agit maintenant de voir lequel des candidats va être le plus vite lassant .

Enfin, si l’an dernier le vainqueur Christophe Willem et la dauphine Miss Dominique étaient sans doute les plus barrés et décalés du casting, pourquoi cette année ce ne serait pas re-belotte ? Et si une fois encore « La Nouvelle Star » venait couronner une vraie singularité, histoire de montrer qu’on peut être différent et vainqueur ? A suivre …





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