Le premier tour des élections présidentielle a été le théâtre d’un clivage partisan sur les questions LGBT. Entretenu en fin de campagne par les militants LGBT des partis, c’est au tour des responsables politiques et des candidats d’en faire de même.
La campagne du second tour ne manquera pas de revenir sur la confrontation des deux projets défendus par les candidats : celui de l’égalité pleine et entière pour les LGBT de Ségolène Royal avec l’ouverture du mariage civil et le droit à l’adoptions pour les couples homosexuels. A l’opposé celui moins disant de Nicolas Sarkozy, qui tout en garantissant de sa volonté de lutter contre les discriminations ne propose qu’un contra d’union civile, conclu en Mairie, et qui octroie une égalité de droits et de devoirs entre couples gays et hétérosexuels mariés en dehors de la filiation. Sur ce volet un statut du beau-parent serait adopté.
Si les deux principaux intéressés ont déjà publiquement réaffirmé leurs positions sur le sujet à plusieurs reprises, Nicolas Sarkozy, dans une vidéo diffusée à l’occasion de l’anniversaire des militants LGBT de l’UMP, GayLib, est revenu sur son projet : «J’ai voulu surtout que la Droite française ne soit pas aussi rigide sur les questions de société. Le question de l’homosexualité, elle est importante, il faut la prendre en considération et on doit respecter les homosexuels» déclare-t-il dans le message diffusé en son siège de campagne le 13 avril dernier.
Sur la question du déterminisme génétique, il revient sur le sujet : «Je crois qu’on ne choisit pas sa sexualité, on choisit de l’assumer, de la révéler ou de la dissimuler. Et comme ce n’est pas un choix sa sexualité, son identité sexuelle, toute discrimination serait absolument scandaleuse. C’est la raison pour laquelle j’ai voulu que la Droite française évolue».
Sur son choix d’un contrat d’union civil, il s’en explique : «J’ai posé la question de l’amour homosexuel (…). L’amour, on veut qu’il s’exprime socialement parlant mais le Greffe du Tribunal d’Instance (NDR : où sont enregistrés les Pacs) pour signer nuitamment un Pacs ne répond pas à cette question de la révélation sociale de son amour. C’est la raison pour laquelle j’ai proposé un contrat d’union civil, avec une cérémonie en Mairie».
Le candidat a ensuite féilicité GayLib pour son action au sein de l’UMP comme d’autres personnalités dont les messages ont été enregistrés : Jean-François Coppé, Patrick Devedjian, Laurent Wauquiez, Roselyne Bachelot, Jean-Pierre Raffarin ou bien encore Françoise de Panafieu.
Si cette déclaration d’amour GayFriendly du Président de l’UMP pour ses militants LGBT ne semble pas feinte, Nicolas Sarkozy n’a pas levé le doute concernant la suppression du Pacs au profit du Contrat d’union civil, au contraire, ni n’a évoqué le sort des familles homoparentales ni un éventuel calendrier de ses mesures. Egalement, et alors que GayLib nous assurait souhaiter que le contrat d’union civil soit ouvert à tous les couples, homosexuels ou non, Nicolas Sarkozy n’a pas levé cette ambiguïté alors même qu’il avait préalablement déclaré qu’il ne voyait pas l’intérêt pour un couple hétérosexuel de privilégier ce statut à celui du mariage.
A l’opposé, et à la veille du premier tour, Adeline Hazan, Secrétaire nationale aux Droits de l’Homme et Libertés et François Vauglin, Délégué national aux questions LGBT, ont dénoncé le projet de l’UMP dans une lettre ouverte : «Ce projet d’union civile donne donc des droits spécifiques à une population particulière. C’est une démarche communautariste, et qui enferme. Il faut le dénoncer fortement car le seul critère de cet enfermement serait l’orientation sexuelle. C’est d’une grande violence symbolique : un sous-mariage réservé aux homosexuels, c’est un sous-statut pour des gens traités comme des sous-citoyens. Il s’agirait alors d’une législation homophobe» estiment-ils.
«Cette proposition portée tant par Nicolas Sarkozy que François Bayrou insiste sur la différence sexuelle quand l’important est dans le projet de vie. Introduire dans la loi une hiérarchie entre les couples est une attaque sournoise contre notre modèle républicain et un grave recul pour le principe d’égalité.» continuent-ils en dénonçant également sur la question de l’homoparentalité la position de la droite française.
Egalement et soulignant «un vrai clivage gauche-droite» sur ces questions, ils rappellent que c’est «Au nom de l’égalité des droits, l’ensemble de la gauche est rassemblé sur les propositions portées par Ségolène Royal pour la lutte contre l’homophobie, l’amélioration du pacs, et l’ouverture du mariage et de l’adoption pour les couples de même sexe» alors que «Au nom de la prééminence des symboles, l’ensemble de la droite persiste dans son refus de la reconnaissance du fait social homoparental. Et force est de constater qu’au-delà de l’aggiornamento de convenance sur le pacs, l’UMP et l’UDF donnent une nouvelle illustration de leurs convergences politiques : ils n’acceptent toujours pas cette reconnaissance moderne du couple, l’un et l’autre cherchant en réalité sa disparition».
Si dans une élection comme celle des présidentielles les positions catégorielles ne conduisent pas forcément à des votes communautaires, une absence d’éclaircissement et de réaffirmation des positions des candidats sur ces questions peut coûter des voix. Notamment, les 500000 signataires de Pacs pourraient se retrouver contraints de choisir entre le mariage et le contrat d’union civil en fonction de leur situation alors qu’ils ne le souhaitent pas forcément et qu’à défaut ils se retrouveraient sans droits liés au Pacs originellement.
Il reste 13 jours aux candidats pour convaincre les électeurs de porter leur choix sur leur personne.
EN SAVOIR PLUS
La vidéo de Nicolas Sarkozy à l’attention des militantEs de GayLib : Ici
Le site de GayLib : www.gaylib.org
Le site de HES : www.hes-france.org
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