Marc Weber est le chef tout puissant de la première chaîne cryptée de France. Vie solidement balisée, il n’y a guère que la coke et l’alcool qu’il ingurgite en quantité industrielle qui parviennent à faire tanguer ses murs. Habitué à décider de qui vit et de qui meurt dans cet univers factice télévisuel, ce dernier se retrouve un brin dépourvu quand le hasard décide de reprendre les commandes un soir de partouze : la jeune Diane fait une overdose sur la moquette de son bureau. Pantalon baissé, s’agit de retrouver ses couilles et vite, pris de panique le grand patron décide de faire disparaître le corps pour éviter le scandale. Une pelle, un étang, des xanax et du whisky. La conscience s’accommodera du reste.
Oui, mais …
Ce qui commence comme un polar se poursuit en un véritable récit d’une culpabilité. Sous la forme d’une étrange présence d’abord, obsédante, pressante, fantomatique. Avant de se muer en maladie. Un à un, les repères confortables du bonhomme saute et le désarme. Privé de ses artifices, confronté à son humanité dans ce qu’elle a de plus fragile et de plus éphémère, Weber vit ses derniers jours comme une Re-naissance. Spirale fantastico-érotique, oscillant entre destruction et reconstruction, ce récit initiatique s’acoquine avec les genres : le penchant pour les partouzes frénétiques de cet anti-héros semble se répercuter sur la plume de l’auteur, le policier fricote avec le fantastique, le psychologique avec le sociologique, l’impudeur avec la pudeur. Les orgasmes, autant que les rebondissements, sont multiples sous la verve d’Erwann Menthéour, qui ne s’embarrasse aucunement des usages et des codes pompeux de la littérature. Le récit se construit sur un mode oral et franc, libéré et sincère. Affranchi.
Premier roman qui suit sa biographie controverse, « Secret Défonce » (publié chez JC Lattès et traduit dans plusieurs langues), Re-naissance est pour Erwann Menthéour l’occasion supplémentaire de démontrer des talents d’auteur évident. Artiste complet à qui l’on doit l’album pop rock remarqué « Un ange, un frère, une sour » et les premières parties de Calogero, cycliste émérite, cascadeur, acteur : le C.V éclectique de l’auteur se révèle un thermomètre efficace de la passion bouillante qui l’anime, rien n’est donné qui ne soit accouché dans la fièvre et la sueur, l’effort et le don de soi.
Avec Re-naissance, celui qui prône une « esthétique rock de l’émotion » tient son pari et donne tout. Sans concessions.
Pour plus d’infos n’hésite pas à visiter le site myspace d’Erwann
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