Ma nouvelle proie, si je puis m’exprimer ainsi, est une toute jeune chanteuse qui fait petit à petit sa place sur les ondes et dont on ne dit en général que du bien. Blonde platine aux yeux verts, originaire d’Australie, elle ne manque vraiment pas de charme. Normal tu me diras, elle a été mannequin, un métier û elle a certainement appris la rigueur et le sacrifice de soi. J’arrive dans la salle de réunion de sa maison de disques et je la vois me scruter de l’autre bout de la pièce. Son visage semble s’illuminer en voyant ma chemise, imprimé de minuscules têtes de morts, alternées avec de petits nounours. La gravité, mêlée à l’enfance, et si cela correspondait justement au tempérament de l’artiste? Pour en savoir plus nous nous installons autour d’une table ronde. L’interview peut commencer :
Tof : Bonjour Micky, enchanté de faire ta connaissance, ton album est comment dire, délicieux !
Micky Green : Merci Tof, et toi tu as une très jolie chemise ! [Rires]
Tof : Est-ce que la comparaison avec Feist et Ayo te gêne ?
Micky Green : Un petit peu oui ! Mais en fait, je crois que ça vient surtout du fait qu’on est dans la même maison de disques et parce que Renaud Letang a aussi travaillé avec Feist. Gonzales, quant à lui, était plus présent pour sur l’album de Feist qu’il l’a été pour moi, et en même temps ce n’est pas le même style.
Tof : Tu n’as que 23 ans, raconte-moi comment tu as été découverte par ta maison de disques .
Micky Green : Tu sais j’ai toujours chanté aux fêtes avec des copains, ce qui fait que tout le monde dans mon entourage sait que j’en suis capable. Il s’est trouvé qu’un jour j’étais à un mariage avec une copine qui bosse dans la finance, on était un peu bourrées d’ailleurs ! [Rires]. C’est là qu’elle ma présentée à un gars qui travaillait chez « Palace », une maison de disques indépendante. Le producteur Marc di Domenico a eu ensuite l’idée de solliciter Renaud Letang.
Tof : D’accord, et tu connaissais le travail de Renaud ?
Micky Green : Pas avant de travailler avec lui à vrai dire ! [Sourire]
Tof : Tu es quelqu’un qui écoute vraiment toutes sortes de musiques. En plus tu joues de la batterie . Alors pourquoi avoir plutôt opté pour un style jazzy intimiste ?
Micky Green : En fait je crois que c’est le style de musique qui me vient naturellement. Quand j’écris des chansons et que je fais les démos ce n’est vraiment pas loin de ce qui sera définitivement sur l’album. En même temps, même si j’adore le hip-hop et que j’en écoute tout le temps, je ne voulais pas faire un album mi-jazz, mi hip-hop car je n’aurais pas été à ma place [Rires].
Tof : Justement je ne suis pas d’accord lorsque je lis que ton album est teinté hip-hop, ou alors c’est vraiment très très léger .
Micky Green : Et bien en fait il y a des beats qui rappellent ce style, et ma façon de chanter, même si elle ne correspond pas trop hip-hop, en reprend un peu le modèle.
Tof : Tu as été mannequin. Que crois-tu que cette expérience t’as apporté pour le métier de chanteuse ?
Micky Green : Ca m’a surtout donné du temps pour être toute seule ! [Rires] J’étais isolée car c’est un boulot où on prend tout le temps l’avion, et on attend sans arrêt dans sa chambre d’hôtel. J’étais seule tout le temps et ça m’a donné l’occasion de beaucoup réfléchir, sur mes relations avec mon entourage notamment, et le temps pour composer. C’était un vrai moyen de m’évader et de « regarder en moi ». Dans ces moments là la télé n’était pas vraiment mon truc. Ca explique le côté un peu triste de certains de mes titres : je n’étais pas contente d’être mannequin. C’est un travail bizarre tu sais, à la fois facile et difficile. Tu investis beaucoup mais tu n’as pas grand-chose en retour.
Tof : Tu es d’accord sur le discours actuel, autour de la maigreur dangereuse des mannequins ?
Micky Green : Cela montre à quel point la pression est importante dans ce métier. Tu n’es jamais parfait ! Il y a toujours quelqu’un qui te dit : « Il faut que tu perdes 5, 10 kilos ». Moi je n’ai pas vraiment eu à entendre ce genre de choses parce que je suis assez sportive, je cours beaucoup. Si tu commences à vivre, c’est normal que tu prennes du poids, mais dans ce cas alors il faut faire une croix sur ton boulot.
Tof : Le culte de l’apparence, est-ce que ça pourrait être le sujet d’une de tes chansons ?
Micky Green : J’ai déjà écrit des chansons sur ce sujet, après des castings où je me suis retrouvée avec des gens vraiment pas sympas.
Tof : D’où te vient cette admiration pour Snoop Doggy Dog ?
Micky Green : J’adoore !!! [Rires] Je le trouve hyper drôle. En écoutant juste la musique c’est déjà sympa, mais quand tu commences à tendre l’oreille pour savoir ce que disent les paroles, c’est très grossier et ça m’amuse. J’aime beaucoup sa voix, son style, sa façon de marcher, tout ! [Rires]
Tof : Le nom Micky Green, c’est un pseudo ? Peut-être un clin d’oil à la sourie verte, puisque Mickey est une souris .
Micky Green : Ho, Mickey Mouse ! Non non, Micky c’est parce que mon vrai nom est Michaella tout simplement.
Tof : C’est marrant parce que tout de même dans ton clip tu es un peu la souris verte qui court dans les près avec ta robe émeraude.
Micky Green : Oui c’est drôle tu es la première personne à me dire ça ! [Rires]
Tof : Tu donnes l’impression d’aimer le monde de l’enfance et son côté naïf .
Micky Green : Oui, je crois que c’est parce que j’ai grandi très vite. Je suis partie de chez moi à l’âge de 17 ans, du coup je peux être très mature et en même temps tout le contraire. Je suis Cancer ascendant Scorpion, ça doit être à cause de ça ! D’un côté je peux être douce et sensible, mais de l’autre je peux être carrément méchante, si, si !
Tof : Ca veut dire que sur scène tu peux être complètement différente ?
Micky Green : Oui c’est vrai. Tout le monde me dit que je suis hyper confiante sur scène ! J’aime vraiment ça, je crois que cet amour de la scène vient aussi du métier de mannequin et du fait qu’avec un peu de maquillage et une belle robe, on peut véritablement jouer un rôle. J’aime beaucoup changer de look tout le temps aussi …
Tof : Est- ce que tu te souviens du déclic qui t’a donné envie de faire de la musique ?
Micky Green : En fait je pense que c’est quelque chose qui fait partie de moi et qui a toujours été là. Quand j’étais petite j’aimais beaucoup les vidéos des années 80 : George Michael, Simply Red, Roxette . déjà à l’époque je voulais faire mon propre vidéo-clip ! Je me souviens que je chantais souvent avec mon père, qui jouait de la guitare.
Tof : Mais sinon ta voix, j’imagine que tu la travailles ?
Micky Green : Et bien non, en fait j’ai toujours chanté. A quinze ans on avait l’habitude de monter de petits groupes avec mes copines, juste en amateur.
Tof : Dis-moi, comment s’est passé ta rencontre avec Gonzales ?
Micky Green : En fait je ne l’ai pas vu, il a surtout bossé avec Renaud. Il était prévu qu’il travaille plus sur l’album, mais finalement Gonzo est venu après qu’on ait fini l’enregistrement. Il a joué sa partie au piano et n’était donc pas très présent pendant la création effective de l’album. En fait il a ajouté sa patte alors que j’étais retournée à Sydney ! [Rires]
Tof : Est-ce que tu as toujours voulu faire de la chanson, après ta carrière de mannequin ?
Micky Green : Non en fait je ne voulais même pas être mannequin. C’est une dame qui est venue me trouver pour me dire que j’avais un potentiel c’est tout. Quand j’étais plus jeune je voulais vraiment faire de la musique. Par contre quand j’étais mannequin j’étais un peu perdue et je n’arrêtais pas de me dire « Non vraiment je ne peux pas faire ça toute ma vie »
Tof : Peux-tu me parler du clip de Oh ! ?
Micky Green : Oui, j’ y ai travaillé avec ma meilleure copine, qui a aussi fait toutes les photos de presse pour le disque, et elle a réalisé le clip avec un garçon de chez Aidem. On a cherché des idées qui pourraient bien fonctionner. On voulait qu’il y ait un garçon, un conflit, que je perde un bijou parce que j’en porte souvent etc … Le premier mec, qui joue mon boyfriend dans le clip, est un bon copain mannequin. Quant au second il a l’air tellement jeune, c’est fou ! [Rires]
Tof : Est-ce que tu voulais montrer quelques références cinématographiques via ce clip ?
Micky Green : Non, en fait le jour du tournage a été assez fou car on a vu les quatre saisons en une seule journée ! [Rires] Nous avons dû nous adapter aux changements de climat et de lumière et ça a influencé nos idées. Sans ces perturbations le résultat n’aurait certainement pas été le même .
Tof : L’idée c’était de faire un « Je t’aime moi non plus » ?
Micky Green : Exactement oui, en quelque sorte . Le thème c’est un petit peu : « tu sais je t’aime mais j’ai besoin de prendre l’air » [Eclats de Rire], et à la fin je me retrouve dans la campagne et il arrive ce qui devait arriver.
Tof : Dans le clip de Shoulda, il y a le même garçon d’ailleurs, c’est le deuxième single ?
Micky Green : Oui normalement [Sourire]
Tof : Peux-tu me parler de ce titre qui semble assez joyeux ?
Micky Green : Oui c’est un peu l’idée de quelqu’un qui se lève le matin avec un peu l’idée qu’il n’arrivera pas à atteindre ses objectifs. Et puis finalement il se dit « Merde, j’y arriverai ! ». C’est une chanson sur la motivation, très positive. Elle parle du fait que chaque jour il faut défaire les choses pour avancer.
Tof : J’ai vu que tu avais un blog sur internet .
Micky Green : Myspace tu veux dire ?
Tof : Non un blog assez perso, où tu postes tes photos etc .
Micky Green : Ho oui je l’ai vu mais ce n’est pas moi ! Quand j’ai découvert ça je me suis dit « Qui fait fonctionner ça ? » « Qui fait fonctionner ça ? » [Rires]
Tof : Ton album est plutôt introspectif, il parle beaucoup des relations entre personnes. Nous sommes sur un site internet gay avec une partie rencontres. Est-ce que tu crois qu’on peut trouver l’amour par ce biais ?
Micky Green : Oh Internet est quelque chose de très pratique, qui me permet notamment de parler avec des ami(e)s qui se trouvent en Australie . Après je n’aime pas rester une demi-heure devant mon écran, si je n’écoute pas de la musique ou si je ne récupère pas mes mails. Je ne suis pas très fan de la communication via un ordinateur en général. Pour ce qui est de la question de trouver l’amour sur le net . huuum ça me fait peur ! [Elle baisse les yeux et fait un sourire mutin] Je ne dis pas que rien d’intéressant ne peut s’y passer. C’est possible notamment avec myspace mais rien n’est sûr, sur ce qui se trouve de l’autre côté. Internet est tout de même un immense terrain de jeux et on ne sait jamais vraiment sur qui on va tomber !
Tof : Est ce qu’internet t’a aidé à te faire remarquer ?
Micky Green : Je pense que oui. C’est une autre porte qui te permet d’être vu par encore plus de monde. C’est important que tous les médias puissent être présents sur le web. C’est un peu comme une immense route sur laquelle chacun peu trouver un peu tout . Je m’occupe de mon site mais je dois dire que je suis un peu fainéante pour checker mes messages. Je me sers beaucoup de ce moyen pour envoyer des petits goodies par contre .
Tof : Que penses-tu du déclin de l’industrie du disque ? Comment crois-tu que tout cela va évoluer ?
Micky Green : Le cd est amené à disparaître au profit des téléchargements légaux c’est vrai. Tout cela est une progression naturelle à mon avis. C’est dommage parce qu’il n’y a rien de mieux que les cds pour avoir la meilleure qualité de son. Mais en même temps il y a du positif, parce que lorsque tu mets de la musique digitale sur le web, tu la rend accessible à beaucoup plus de monde de façon instantannée, et dieu sait que la musique n’a pas toujours été accessible facilement !
Tof : J’ai lu que tu as choisi le titre White T-Shirt en pensant à un garçon …
Micky Green : Alors pour la chanson oui c’est pour ce garçon, mais l’album non ! [Rires]. En fait je trouvais ce titre amusant tout simplement parce que tout le monde a un tee-shirt blanc, et donc tout le monde pouvait faire un rapport avec ce disque et s’en sentir familier. Ca veut tout dire et rien à la fois ! [Rires]
Tof : Grâce à ton activité de mannequin, tu as beaucoup voyagé. Pourquoi avoir choisi la France, Paris et le marais en particulier pour t’installer ?
Micky Green : Il y a une « vibe » à Paris que je n’ai pas retrouvé ailleurs. J’adore la culture de votre pays. Sydney est très belle aussi mais c’est une beauté « naturelle ». Il y a beaucoup de plages, de verdure aussi. Les gens sont plus relax. Ici c’est un peu plus affolant si tu vois ce que je veux dire [Sourires]. Ici, j’aime le feeling, la mode, la ville. C’est vraiment très excitant pour moi d’être ici !
Tof : Est-ce que tu connais des chanteurs français ?
Micky Green : J’en connais un peu. Bien sûr j’adore Serge Gainsbourg qui fait partie des premiers artistes que j’ai écouté en arrivant ici. Maintenant j’écoute beaucoup Teki Latex, Philippe Katerine, Abd Al et tout ça Malik .
Tof : En fait tu as des goûts teintés de rétro alors ?
Micky Green : Oui oui, en ce moment c’est tout à fait ça . Ce que j’écoute se situe toujours autours des années 70-80. Il y a des choses nouvelles que j’aime mais j’écoute beaucoup plus de oldies .
Tof : Peux-tu me parler de la photo de la pochette. Je ne veux pas dire de bêtises mais on dirait que t’es dans une baignoire !
Micky Green : ouiii ! tout à fait ! C’est toujours ma meilleure copine Jenny qui l’a faite. On a passé un w-e à faire des photos.
Tof : En fait tu ne travailles qu’avec des amis ?
Micky Green : Presque oui, j’essaie au maximum. Même ma guitariste d’ailleurs puisque je chante avec elle depuis déjà quatre ans !
Tof : Est-ce que tu as dû faire des concessions pour cet album ?
Micky Green : En fait j’ai fait la plupart des demos en Australie et je les ai envoyées ici. C’était très simple, avec beaucoup de voix et de chours mais pas vraiment de musique. Au moment où il a fallu décider de l’intervention des instruments, j’ai tenu à garder cet aspect simple. Je n’ai pas eu à redire sur la façon dont les choses étaient faites, toujours d’accord !
Tof : Tu as enregistré les démos de l’album avec le logiciel Garage Band .
Micky Green : Oui enfin je m’en suis surtout servi comme métronome, parce que je ne savais pas m’en servir sinon ! Depuis j’ai appris, mais ça ne fait que deux mois en fait 😉
Tof : Est-ce que tu penses déjà au prochain album ?
Micky Green : Yeaaaah ! [Sourires] je ne sais pas encore s’il comportera plus sons ou de musiques mais je pense qu’il sonnera assez similaire à celui-là car ce son me correspond vraiment. J’ai quand même envie qu’il soit un petit peu plus complexe, et profond. Je ne sais pas, je veux juste évoluer quoi [Rires]
Tof : Quels sont tes projets ?
Micky Green : Je pense que Shoulda sera le deuxième single même si ce n’est pas encore confirmé. En tout j’étais très contente de l’entendre joué sur Nova ! Et puis je serai en concert le 4 et 5 Décembre au Nouveau Casino et le 3 au grand Mix de Tourcoing ! Pour la mise en scène, j’aime bien changer régulièrement d’équipement. Pour l’instant nous ne sommes que trois sur scène mais j’espère qu’on sera cinq pour ces concerts. Je ferai sans doute quelques reprises, et il y aura des chances que ce soit issu des années 80. J’adore ça mais c’est toujours un peu délicat car on peut rarement faire mieux que ce qui a été fait. Et puis comme par hasard quand je pense faire une cover, j’entends que quelqu’un d’autre vient de la faire !
Pas de chance Micky, et pour couronner le tout il est déjà l’heure de nous quitter. Voila une entrevue très agréable qui donne encore envie d’aller vite d’applaudir sur scène ! A très bientôt et plein de succès pour ta belle carrière qui s’annonce !
Découvre le clip de Oh !
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