Sauf à jouer les naïfs et candides, l’annonce officielle de l’investiture de Christian Vanneste comme candidat de la majorité présidentielle à Tourcoing pour les prochaines élections municipales n’est ni un scoop ni une surprise et ce depuis des mois.
Condamné judiciairement, amnistié politiquement par son parti qui ne l’a jamais réellement sanctionné, Christian Vanneste pourra une nouvelle fois fanfaronner et se positionner comme victime d’un lobby gay fantasmé et d’une justice partisane inféodée. Faisant fi de ses condamnations pénales pour ses propos homophobes, soutenu dans les faits et maintenant officiellement par l’UMP, Christian Vanneste se voyait réélu à son siège de député de la 10ème circonscription du Nord grâce à la fois au soutien de la majorité présidentielle et en bénéficiant des divisions de la gauche locale. La lessiveuse politique a continué par la suite avec l’inscription au groupe UMP du député du Nord, son admission renouvelée à la commission des lois et, ironie du sort poussée à l’extrême, sa nomination à une mission parlementaire sur l’application des peines. Cette greffe parlementaire d’un parti attaché au respect de l’ordre avec un élu condamné, non repenti et récidiviste, alors même que Christian Vanneste a été condamné sous visa d’une loi votée à l’initiative de l’UMP.
Reprenons les propos tenus lors d’un En Aparté sur Canal+ en juin dernier par Joseph Mace-Scaron, réputé proche de la droite et de GayLib, journaliste à Marianne et ancien rédacteur en chef du Figaro Magazine. Joseph Mace-Scaron déclarait : «Il y a un véritable enjeu avec ce monsieur qui est vraiment peu recommandable. En effet, c’est de savoir, vraiment pour le coup Nicolas Sarkozy et les autres sont mis devant le pied du mur, est-ce que oui ou non il va être affilié au groupe parlementaire ? S’il est affilié au groupe parlementaire, cela voudra dire que tous les discours de Nicolas Sarkozy de dénonciation contre l’homophobie c’était de la daube». Cette analyse est toujours vraie concernant les municipales et cette investiture signée des mains de Patrick Devedjian, Secrétaire général de l’UMP, Jean-Claude Gaudin et Alain Marleix en charge des investitures et élections. Ajoutons les noms de Jean-François Copé, François Fillon, Nicolas Sarkozy bien sûr, Jean-Pierre Raffarin et tant d’autres à l’UMP.
«Par cette investiture, l’Union pour un Mouvement Populaire vous exprime sa pleine confiance et son entière solidarité» écrivent les responsables premièrement précités au candidat Vanneste.
Ce dernier ne fait pas mystère de l’attitude qu’il souhaite dorénavant adopter. Après des poursuites à l’encontre de Jean-Luc Romero qui par deux fois avait témoigné contre l’élu lors de ses procès, le député affiche un ton guerrier. Le bi-mensuel catholique Permanences a interrogé récemment Christian Vanneste où il réécrit son histoire judiciaire : «Moi, j’ai été victime d’un terrorisme intellectuel» qui «utiliserait la guerre des mots» : «L’homosexualité n’a strictement rien à voir avec cela. On ne naît pas homosexuel, on le devient, on peut même faire en sorte de ne pas le devenir. Mais le lobby homosexuel vous dit le contraire. On naît homosexuel. Pourquoi ? Parce que les sexes n’existent pas, les genres n’existent pas, ils ne sont que le fruit d’un endoctrinement social. Et moi, je suis l’horrible personnage qui veut exterminer les homosexuels, comme les nazis ont voulu exterminer les juifs. Et d’ailleurs les nazis ont voulu exterminer aussi les homosexuels. Il faut absolument assimiler l’homosexuel au juif afin que le schéma intellectuel fonctionne et que toute personne ayant quelque réserve que ce soit à propos de l’homosexualité ne sente très coupable. Schéma qui au demeurant fonctionne très bien».
Sur la forme, le député conteste également les propos mêmes qui lui ont valu ses condamnations. Sur le fond, l’élu adoucirait-il ses propos ? Il n’en est rien : «Quand on a eu cette expérience-là, il faut préparez la riposte. Il faut accepter et préparer le combat. Là je suis plutôt d’un naturel belliqueux. Je pense qu’il ne faut pas accepter de subir», «Il faut se libérer de l’auto-censure. Pour cela, il y a trois techniques à acquérir. Il faut d’abord affermir sa pensée. Il faut avoir un souci de clarté et de cohérence lorsque l’on expose ses convictions. (…) j’ai renforcé mes convictions (…)°. Lorsque vous dites cette attitude de l’homosexualité est une attitude qui nie la vie, qui nie l’avenir et qui renforce l’égocentrisme de chaque individu, ce n’est pas valorisant pour la société et ce n’est pas valorisant pour l’homme, vous voyez des interlocuteurs comme Fogiel par exemple, battre en retraite. (…) Il faut enfin bien connaître l’adversaire. Bien savoir ce qu’il pense. Avoir lu ses textes. Bien connaître, ici, l’origine américaine de toute la méthode que je viens de vous décrire. C’est le lobby gay américain qui a inventé cette méthode qui consiste à chasser l’homophobe dans le politiquement incorrect et l’obliger ainsi à se taire.».
Enfin, sur la méthode à adopter, Christian Vanneste estime qu’«il faut absolument constituer des réseaux.», «nouer partout des liens avec les gens qui sont d’accord avec nous, il nous faut nous aussi créer une sorte de lobby sans lequel on ne fait pas le poids», «bâtir notre stratégie. Elle consiste d’abord à retourner contre lui les méthodes de l’adversaire pour le désarmer. Envoyer des pétitions, des lettres à vos élus, en mettant dans la balance de votre argumentation que de leur attitude dépendra votre prochain vote pour eux» et finalement «Essayer de mettre la majorité de notre côté. Utiliser pour cela les arguments du bon sens. Dans le domaine qui nous intéresse, c’est extrêmement facile».
Sur la méthode, agréons que Christian Vanneste en bénéficie avec succès, son réseau, son soutien, sa majorité est celle de l’UMP. Seul GayLib à l’UMP, mais sans le poids politique encore suffisant, appelle le parti de la majorité à la cohérence.
Sur le terrain judicaire, interrogé par CitéGAY, le greffe criminel de la cour de cassation ne pouvait indiquer de date d’examen du pourvoi formulé par Christian Vanneste contre sa condamnation d’appel, le dossier étant toujours dans les mains du magistrat instructeur. Gageons qu’il n’y aura pas d’examen du pourvoi avant la tenue des municipales.
EN SAVOIR PLUS
Le blog de Christian Vanneste : www.christianvanneste.fr.
L’interview complète de Christian Vanneste dans le bi-mensuel Permanences : Ici.
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