Les interviews se suivent et ne se ressemblent pas, chacune d’entre elles étant un nouveau rendez-vous avec l’inconnu, où se mêlent excitation et curiosité. Et oui aller vers quelqu’un dont on ne connaît a priori que l’image, provoquer le tête-à-tête improbable, c’est tout de même un truc pas très naturel, une confrontation surréaliste, qui m’interloque à chaque fois. La jeune femme qui va bientôt arriver n’est pas pour moi juste une image car je me souviens l’avoir croisé à une ou deux soirées, dont une fameuse G.A.Y., à l’Elysée Montmartre, en simple spectatrice, quelques semaines avant de s’y produire en tant que chanteuse. Mais en fait c’est en tant que comédienne que je l’avais découverte il y a déjà quelques années. Elle était l’une des héroïnes de « Seconde B », une série pour ado, qui abordait de temps en temps des thèmes graves comme les filles-mères, la drogue ou l’homosexualité. Elle y arborait un look classique, sans maquillage, avec de longs cheveux frisés, puis la chrysalide s’est transformée . en véritable nymphette kosmic-manga, au look et aux chorégraphies toujours plus sophistiqués. La chanteuse Ysa Ferrer était née, enflammant les dance-floors avec le tube « Mes Rêves », et plus tard « A coup de typ-ex », le déjanté « 109 en 95 », et la surprenante reprise du poignant « Ederlezi », thème du Temps des Gitans, le film de Goran Bregovic. Depuis le temps qu’on l’attendait, un album est en préparation, baptisé Imaginaire pur, et devrait sortir en Mars. Mais pour le moment rien n’est imaginaire : Ysa est arrivée rayonnante, et a pris place sur le « siège des interviewé(e)s ». Elle va enfin pouvoir me parler de ce qu’elle réserve très bientôt à ses nombreux fan .
Tof : Hello Ysa ! Je suis content de te voir, d’autant plus que c’est pour parler de ton prochain album, et de la bombe To BI or not to BI qui en est extraite. Bon comme tout le monde, je trouve qu’on ne t’entend pas assez à la radio. C’est pour cette raison que tu ais créé ta propre maison de production ?
Ysa Ferrer : Tu sais je crois qu’à la base je suis déjà quelqu’un d’assez indépendant. C’est déjà un indice ! Bon c’est sûr que pour le tout premier album, j’ai eu la chance de signer en artiste maison tout de suite chez Polydor, et don après j’ai un petit peu continué sur ce modèle. Mais au fur et à mesure je me suis rendue compte que pour la grosse part du travail, c’est-à-dire tout ce qu’il y a de recherche, au niveau de la musique, au niveau artistique et après, bref là où les maisons de disques auraient pu aider ou orienter, je faisais tout le boulot. En partant du constat qu’avec mon équipe, on avait toujours des tas d’idées sur tout, des pochettes aux clips, je me suis finalement dit : « une maison de disques ou une grosse major, pourquoi faire ? » Aujourd’hui elles ne sortent plus l’artillerie lourde pour soutenir leurs artistes [Rires], donc ça sert vraiment plus à rien ! [Rires] Et puis je veux être libre tu comprends. Je ne veux plus leur donner des ouvres, comme ça s’est déjà produit, pour m’apercevoir que finalement il y a untel qui est viré de la boîte, et du coup c’est le stand-by pour tous les artistes ! Quand tu viens de faire un titre et que tu y crois vachement, et qu’on te dit « Ah ben non là on peut pas faire de promo. De toutes façons là tout le monde est sur un siège éjectable », ça ne le fait vraiment pas. Bref tout le monde s’en fout mais par contre ton titre, lui, continue de leur appartenir. Non, je ne veux vraiment plus ! Désormais je veux être productrice de mes titres.
Tof : Et dans le futur tu penses aussi produire d’autres artistes ?
Ysa Ferrer : Pour l’instant on est encore une petite structure. Par contre je signe en licence avec un petit label, pour que l’album existe et qu’il soit distribué en distribution physique !
Tof : Cette maison de production s’appelle Lovarium, comme le nom que devait porter une chanson. Est-elle sortie finalement ?
Ysa Ferrer : Oui cette chanson fera partie de l’album, qui lui s’appelle Imaginaire Pur
Tof : Pourquoi ce titre ?
Ysa Ferrer : En fait c’est un complexe de mathématiques. Et en fait ce qui me plaît dans celui-ci, c’est que sa partie réelle est nulle. J’adore le terme « Imaginaire Pur » parce qu’il est d’emblée très poétique, et reflète vraiment l’image du rêve. Il y a à la fois l’idée très concrète de mathématiques et le côté féérique. C’est un truc qu’on ne peut pas palper.
Tof : Le rêve fait en effet partie intégrante de ton univers. L’enfance également non ? Tu es encore dans le trip manga ?
Ysa Ferrer : Complètement ! [Rires] On peut dire que je suis une vraie adulescente, et puis je crois qu’en plus, ce n’est pas dans ma nature. Le trip manga oui peut-être, mais tu sais moi je change tout le temps alors ! [Rires]
Tof : Est-ce qu’on peut dire que tu es nostalgique des années 80 ?
Ysa Ferrer : Tout à fait ! Parce que je trouve qu’à cette période là il y avait une vraie folie au niveau artistique. Ecoute, c’était souvent des one-shots mais en même temps il y avait une grande originalité, une folie et une fantaisie qu’on ne retrouve plus. C’était moins calibré, moins formaté. Aujourd’hui j’entends parler d’études de marché, de marketing, haaaaaaa, ça ne me fait pas rêver, c’est horrible ! [Rires] J’ai l’impression qu’on parle de boîtes de conserve et moi je ne veux surtout pas rentrer là-dedans !
Tof : Il y avait aussi une espèce de culte de l’image, au niveau des clips et de la scène .
Ysa Ferrer : Oui, aujourd’hui il est de bon ton de dire qu’on s’intéresse moins à l’image et en même temps je trouve qu’on baigne dans une sorte de prétention ambiante. La « nouvelle scène française », par exemple, je la trouve vraiment prétentieuse. Ce que j’aime aussi dans les années 80, c’est le côté beaucoup plus strass, paillettes, tout simplement moins intellectualisé !
Tof : Tu portes toujours des costumes hallucinants sur scène. Est-ce que c’est toi qui les crées ?
Ysa Ferrer : Non non, mais je me débrouille pour trouver des choses un petit peu rigolotes, particulières. Tu vois moi je ne conçois pas une artiste qui monte sur scène habillée comme elle est dans la vie, ça ne m’intéresse pas. Et puis ça correspond aussi aux artistes qui m’ont marqués quand j’étais toute petite. Moi à trois ans c’était Dalida, ses longues robes, ses plumes et ses paillettes. En grandissant c’était Lio, les brunes, Banana et tout ça. Je me reconnais là-dedans et j’ai envie de m’amuser. Un show c’est un show et il faut envoyer ! Attention j’adore aussi le coté « unplugged » et intimiste des concerts en guitare-voix le côté, mais dès qu’il y a des projos, une scène, du public, c’est plus fort que moi, j’ai envie de donner un truc immense!
Tof : J’ai quand même l’impression que tu es une fille plutôt timide. Et puis il faut les assumer, les costumes que tu portes aussi ! [Rires] Est-ce qu’en fait tu entres dans la peau d’un autre personnage lorsque tu montes sur scène ?
Ysa Ferrer : Et non, c’est vraiment moi ! [Sourire] Mais tu sais moi je suis gémeaux ascendant Balance, donc ça fait déjà un petit peu beaucoup de personnages. Mais je suis bien et je me révèle sur scène, c’est ce que j’aime faire, c’est ce que j’aime être. Ca ne me pose aucun problème, bien au contraire !
Tof : Parlons un peu de ce nouvel album. Tu y travailles depuis combien de temps en fait ?
Ysa Ferrer : Houla et bien ça fait quand même depuis Made In Japan que je n’avais rien sorti mine de rien ! Il y a eu « Ederlezi » qui a bien marché dans les pays de l’Est, c’était un remix de Richi M, un suédois, et puis la reprise électro de Carmen, la B.O. du film de Jean-Pierre Limosin, qui avait fait Tokyo Eyes à l’époque. Ca a aussi marqué une super rencontre avec le groupe électro Bang Bang. En fait ils cherchaient une japonaise pour chanter Carmen de Bizet, et pour moi ça a été un vrai challenge car je pensais qu’avec ma voix on ne me l’aurait jamais proposé. J’ai dit : « moi je parle japonais, pas de problème ! ». Ca a été un truc inespéré et un vrai défi !
Tof : Comment as-tu choisi l’équipe qui travaille avec toi ?
Ysa Ferrer : Et bien je travaille toujours avec Daniel Castano, car c’est lui qui écrit les textes et moi je compose les mélodies, et puis j’ai confié la réalisation de l’album à Carsten Koeyer, un danois qui produit à Londres, sur les bons conseils du Stephen Budd Management, une société de Londres. Stephen a tout un pôle de réalisateurs anglais sous sa coupe, qui bossent notamment pour Kylie. C’était un peu un retour aux sources car j’avais déjà bossé avec des réalisateurs de cette équipe, pour le single Mes Rêves [utilisé depuis comme bande son du film « Extension Du Domaine De La Lutte » de Philippe Harel ; ndlr].
Tof : Dis-moi, quels sont les thèmes abordés dans Imaginaire pur ?
Ysa Ferrer : [Sourire] Et bien en fait je n’arrive pas trop à me décoller du sujet de l’amour, c’est assez universel ! Je tourne dans tous les sens mais finalement je crois qu’on ne se lasse jamais d’en parler. Oui je sais bien que dit comme ça, ça n’a rien d’original. Enfin tu vois, par exemple pour moi TO BI or not TO BI, c’est un hymne à l’amour avant d’être un hymne pour la communauté Bi .
Tof : Pourquoi as-tu voulu parler de ce sujet là en particulier ?
Ysa Ferrer : Je trouve qu’en France on est vraiment très loin du top de la tolérance et quand je vais sur des sites où on parle de Bi, je m’aperçois que c’est un sujet encore totalement tabou chez les gens. A mon sens c’est vraiment LA communauté qui est le moins représentée. Et j’ai été particulièrement sensible au fait qu’ils parlent d’eux-mêmes comme étant « le peuple de l’Invisible » . Je trouve ça monstrueux de vivre comme ça ! Apparemment aujourd’hui on peut être homo ou lesbienne, mais les bi n’ont pas le droit d’exister.
Tof : Tu penses que l’homosexualité est mieux acceptée que la bisexualité ?
Ysa Ferrer : Carrément oui ! Il y a une idée de touche à tout, de celui qui veut le beurre et la crémière, qui ne plaît pas. Mais bon, moi j’ai l’impression qu’on naît tous bi. Il me semble qu’à un moment dans l’adolescence on flirte de manière naturelle, sans trop se préoccuper du sexe de l’autre.
Tof : Houla ça m’a l’air autobiographique tout ça .
Ysa Ferrer : Je ne sais pas peut-être [Rire mutin] En tout cas j’avais envie d’en parler et de rendre cet hommage. Je suis certaine que c’est un sujet qui parle à énormément de monde. Et puis je voulais le faire d’une façon ludique avec une musique qui a la pêche. On a même une version anglaise qui s’appelle « Bi World » qui fait « Let me be a Bi Boy, let me be a Bi girl », c’est marrant ! Mais si ce n’est pas moi qui ai écrit le texte, j’en suis super fière. Le « J’aime Ken et Barbie », je crois que ça veut tout dire! [Rires]
Tof : C’est la première chanson qui existe sur ce sujet en fait ?
Ysa Ferrer : Je ne sais pas mais c’est vrai qu’on n’avait pas de références. En même temps je n’ai pas trop fait de recherches par rapport à ça. Je suis juste allée sur des sites Bi pour voir un peu comment ils étaient considérés, et comment ils se considéraient eux-mêmes, et puis j’en ai parlé autour de moi . J’ai voulu faire quelque chose par rapport à mon public, à mes amis !
Tof : D’où vient cette sympathie que les gays ont pour toi ?
Ysa Ferrer : Je pense qu’on a une sensibilité commune, une espèce de nostalgie de l’enfance, une féminité aussi ! Bien sûr il y a le côté show, festif et too much. Je suis quand même copine avec Chi Chi Larue ! [Rires] et j’ai chanté à son anniversaire avec Ru-Paul, à Los Angeles ! Il y a ça mais je pense aussi à quelque chose de plus personnel, plus dans la sensibilité. Pour les personnes qui font leur coming-out ce n’est jamais simple, c’est quelque chose de très perso. Et là il y a une souffrance et une part d’écorché vif, qu’on peut retrouver aussi chez moi. Un peu comme si on faisait la fête pour oublier la gravité de certaines choses de la vie.
Tof : T’arrive-t-il de chanter des sujets un peu plus graves ?
Ysa Ferrer : Made In Japan, parlait de la course au succès et à la réussite sociale qui fait des ravages là-bas au japon. Mais il y a eu plein de chansons graves dans mes albums. Personnellement j’ai un rapport assez dur avec la mort il y a plein de choses qui me font peur. J’ai eu plein d’expériences autour de moi qui ont été de vraies leçons de vie. En fait je suis entourée de gens chargés d’émotion avec un vrai passif dans pas mal d’extrêmes, donc du coup je suis un peu une éponge et j’absorbe tout ça. Je suppose que ça se ressent forcément dans les textes et dans les chansons.
Tof : Au niveau du style de musique, c’est toujours un mélange de rock et de dance?
Ysa Ferrer : Ca il y aura des guitares parce que j’aime bien mettre toujours au moins un instrument acoustique, de manière à ce que le résultat ne soit pas totalement électronique. Mais ça reste de l’electro-dance, très cosmique ! [Rires] Et oui je suis fidèle à la pop cosmique, ça reste avant tout des vraies chansons, pop, populaires, bref j’ai envie que les gens chantent quoi, je ne fais pas de la musique d’ambiance !
Tof : As-tu déjà pensé à apparaître comme le leader d’un groupe ?
Ysa Ferrer : Non parce que je n’ai pas rencontré de musicien qui soit assez proche de mon univers pour former un groupe. Par contre c’est marrant que tu me poses cette question, car Kiappe est venu sur mon site myspace, et on va se rencontrer pour peut-être faire une chanson ensemble. On s’est trouvé plein de points communs, de ressemblances, par rapport à ses influences et aux miennes. Quelque part je trouve qu’on se ressemble, alors on va probablement collaborer .
Tof : Mais cet album ne parle vraiment que d’amour ?
Ysa Ferrer : Ca peut sembler très prétentieux mais je n’ai pas encore fait le tour de moi ! [Rires] Je ne sais pas si ça arrivera un jour d’ailleurs. Je parle beaucoup de quotidien en fait. Et puis il y a un titre qui s’appelle Capsule Hôtel, que le public attend depuis un moment parce que j’ai déjà failli le sortir, mais ça n’avait finalement pas pu se faire. Là c’est encore une référence au Japon et aux fameux « Capsule Hôtels ». Là je parle du pays de Candy, de Kitty et de Shiiro. Je tiens à garder la manga touch de toutes manières. Et puis beaucoup de doubles sens aussi, comme dans « Mes Positions ».
Tof : On va parler un peu de ta participation au long-métrage King Size. Ca a dû te faire drôle de retrouver les caméras depuis Seconde B, le feuilleton où on t’avait découverte . Comment ça s’est passé ?
Ysa Ferrer : En fait ça fait longtemps que j’ai envie de refaire des choses dans ce domaine. Mais en sortant de Seconde B, on ne me proposait que des clones de mon personnage. Ce n’était pas intéressant donc j’ai préféré me lancer à fond dans la musique, et puis en plus j’étais encore dans l’époque où ce n’était pas bien de faire des séries. Bon ils m’ont bien planté mon premier album en tout cas et on peut dire que j’ai bien souffert de cette image de télé. Tu comprends à l’époque il y avait Hélène et les Garçons, et on faisait chanter tout le monde. Ce que je faisais n’avait rien à voir, mais dans la tête des gens, quand on était dans une série à la télé, si on se mettait à chanter, il y avait forcément une histoire de marketing derrière. Et puis entre la chanteuse et le personnage de la série il y avait un fossé. Enfin bref, il y a eu un amalgame de tout ça, et ça m’a un peu fait de la peine. Pour King Size c’est Patrick Maurin, le réalisateur, qui m’a contacté, et ça m’a tout de suite séduite parce que chanter, danser et jouer, c’était carrément Fame ! [Rires] ! En plus le personnage que je joue est vraiment l’opposé de ce que je suis dans la vie. La fille est limite homophobe, intolérante, coincée, bourge de province, l’horreur ! C’était vraiment une super expérience !
Tof : Du coup tu as peut-être d’autres projets cinéma ?
Ysa Ferrer : J’en ai mais c’est rien d’assez avancé pour en parler. C’est vrai que du coup tout ça m’a vraiment redonné envie, et puis il y a un agent qui m’a contacté. Je préfère ne rien dire pour l’instant.
Tof : Retour en arrière si tu veux bien, à la sortie de Seconde B est-ce que tu aurais été séduite part des émissions de type Nouvelle Star, ou Star Ac?
Ysa Ferrer : [Silence] Franchement je crois pas . Je ne fais jamais de concessions, c’est peut-être pour ça aussi qu’on m’entend si peu. Je n’ai pas envie d’avoir honte de moi quand je me lève. Ce genre d’émission c’était peut-être bien la première année mais maintenant ça bouffe tout le marché. Je trouve ça nul ! Je reste quand même très optimiste en ce qui concerne la musique et à mon avis il y a de la place pour tout le monde, mais en même temps il faudrait quand même qu’il y ait de nouvelles émissions. Enfin pas d’émissions avec des enjeux de concours, de relooking etc. Tapez 1, tapez 2, non faut arrêter ! Ca peut exister, mais pourquoi avoir zappé tout le reste ? Je pense qu’il va falloir exister autrement, peut-être par internet par exemple !
Tof : Je te sens très proche de tes fans. Est-ce que tu communiques avec eux via ton site myspace ?
Ysa Ferrer : Oui oui, je suis assez fidèle avec mes fans parce que eux l’ont toujours été avec moi et par respect je leur dois bien ça. On fait quelquefois des opérations qui me permettent de les rencontrer aussi. Par exemple on a fait gagner des places pour King Size, et après j’ai pas hésité à aller boire un verre avec eux, à faire des photos etc. C’est très simple comme rapports et j’ai envie d’entretenir.
Tof : Pour tes photos, tu travailles beaucoup avec Kris Gautier, l’auteur entre autres, des photos pour le premier calendrier des Dieux du Stade. Qu’est ce qui te plaît dans sa façon de travailler ?
Ysa Ferrer : En fait, j’aime déjà beaucoup le garçon. C’est une histoire qui dure depuis la pochette de « Mes Rêves ». A l’époque il démarrait et n’avait encore jamais fait de pochette de disque, et je tiens donc à lui rester fidèle. On est ensuite devenus amis. C’est fou, quand je l’appelle il est toujours présent, il y croit. Et puis je trouve qu’on a la même folie, les mêmes idées. Quand je lui parle d’un projet, il calcule tout de suite ce que je veux. On est branchés sur la même longueur d’onde. Le côté retouche de photos, quand il avait fait le digipack du single « Tu sais I Know », où j’étais un robot qui devenait vivant, avec un circuit imprimé dans les yeux, c’était une idée délirante, et lui il aime bien ce genre de truc. Ca le fait rire de faire ça pour moi, car on lui demande souvent de faire des choses beaucoup plus terre à terre par ailleurs. Il aime mon côté délirant !
Tof : Tu es maman de deux enfants. Dis-moi voir quel genre de mère tu es, et si tu es sereine par rapport à ce que demain leur réserve ?
Ysa Ferrer : Je ne veux pas être une copine et en même temps je ne veux pas me poser trop de questions par rapport à eux et à l’éducation que je peux leur donner. Par contre je déteste les gens qui voient un avenir noir pour leurs enfants. Ils sont déjà tellement négatifs au jour le jour, que finalement si tu commences à parler comme ça tu ne profites de rien. Je trouve que ce n’est pas très utile de les angoisser. Pour moi la, c’est les aimer le plus que je peux, c’est une vraie démarche de vie. Pour ça crois-moi je ne fais pas beaucoup d’effort : c’est très naturel ! Et puis je leur transmets ma folie aussi ! Ma fille est déjà une petite comédienne. Elle était ma fille dans King Size, elle est aussi la fille de Benoît Poelvoorde dans Les deux Mondes ! [Sourire] et puis elle a tournée dans un super téléfilm cet été. Bon elle n’a que 5 ans et on ne le voit que dans deux ou trois séquences, mais quand même elle a déjà le goût du spectacle ! [Rires] Quant à mon petit garçon, lui, il se réveille avec To Bi or not To Bi, et danse la chorégraphie et c’est trop drôle. Enfin y a un vrai esprit du spectacle à la maison et c’est ce que je veux !
Tof : Pour toi quel était l’album le plus innovant en 2007 ?
Ysa Ferrer : Alors là c’est la question qui tue ! C’est difficile parce qu’en fait je n’arrive jamais à adhérer complètement à un artiste. J’ai remarqué que je craque plutôt sur des one-shots, des titres plutôt que des albums complets, mais bien sûr il y a des personnages comme Madonna et Kylie, Gwen Stefani, Britney, Nelly Furtado que j’adore évidemment. Pas tout mais je trouve qu’il y a une vraie démarche, un vrai truc qui me ressemble. Voila ça me touche ça me parle. Voyons voyons ce qu’il y a eu de vraiment innovant . [Silence perplexe] Ah oui j’ai adoré le concert de Daft Punk ! J’ai trouvé le côté « discothèque géante » vraiment sympa. C’est fou, on n’a que des lights, deux mecs avec des casques, on ne sait même pas si c’est eux ou si c’est pas eux, si vraiment ils ont les mains sur les consoles ou si c’est juste une bande-son, on ne sait rien, on ne voit rien, mais on est à fond dedans, c’est magique ! C’est carrément une autre façon de voir un concert ! Bon il faut adhérer mais en tout cas ça marche, tout le monde était debout et hystérique ! Maintenant l’album qui a été une révolution dans ma tête, je ne vois pas ! Y a des choses qui m’ont plu c’est sûr . Mais tu sais moi j’adore aller plutôt gratter dans les choses un peu moins connues. Par exemple j’ai bossé avec des japonais qui s’appelle Motocompo, et qui m’ont fait un remix de To BI or not TO BI, entre le jeu vidéo et Takako Minekawa, une artiste complètement barrée que j’adore. C’est super délire ! Et puis il y a d’autres remix en préparation avec des suédois aussi.
Tof : Oui d’ailleurs depuis le clip de Mes Rêves, réalisé par un suédois (A-Ha), tu sembles être assez liée à la Suède, comment ça se fait ?
Ysa Ferrer : Je ne sais pas je fais peut-être de la musique pour suédois qui sait ? [Rires] Ou c’est parce que je suis brune ! [Rires] Ce qui est sûr c’est que j’aime bien leur son. Attention je ne suis pas fan d’Eurodance ! D’ailleurs je n’aime pas qu’on dise que je fais de l’Eurodance ! Attention hein !!! Ils ont plutôt une touche electrodance qui me plaît bien et savent « emballer » des chansons en y mettant toute la brillance nécessaire, en utilisant les bons sons, et sans aller chercher des trucs compliqués qui font que finalement le morceau ne passera nulle part. Bien sûr il y a un côté commercial dans ce qu’ils font, mais dans le bon sens du terme, pas du tout péjoratif, c’est un peu comme les italiens, ils ont une recette. D’une manière générale j’ai l’impression que les suédois se prennent moins la tête
Tof : Est-ce que tu penses déjà à la scène ?
Ysa Ferrer : J’y pense tout le temps, simplement comme je rêve d’un show un peu démesuré, très visuel, tout ça coûte de l’argent. Il faut le temps de le créer et les moyens de le produire. Mais ça on y viendra c’est sûr ! J’aime bien avoir mon univers qui se déplace !
Et bien Ysa on a vraiment hâte de voir enfin tout un concert de toi prochainement, pour promouvoir en grandes pompes cet album qui s’annonce très pétillant. La sortie est prévue en Mars-Avril, donc il va encore falloir être un peu patient. Heureusement que tu as pensé à To BI or not BI, et ses remixes pour nous calmer un peu ! Un grand merci pour ce petit tête à tête sympathique, et gageons que 2008 sera une vraie année cosmique et FERRERique !
To BI or not to BI est disponible en téléchargement légal ICI.
Pour toutes les infos n’hésite pas à visiter le
myspace d’Ysa Ferrer, ainsi que www.ysaferrer.com
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Crédits photos : Kriss Gautier
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