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Hard Candy, Madonna

A bientôt 50 ans, et plus de 190 millions d’albums vendus à travers le monde, la reine de la pop n’a décidément plus rien à prouver à personne.

Pourtant qu’allait-elle bien tenter après le carton Confessions on the dancefloor, qui surfait avec brio sur le revival disco, tout en lui apportant des éléments modernes ?

La réponse est dans Hard Candy, nouvelle galette produite avec la complicité omniprésente des Tim-Tim (Timberlake, Timbaland : Encore eux ?) et malheureusement je suis tenté de répondre : Rien !

Hmmm … Comment dire les choses? En fait cet album est plutôt bon et contient vraiment des titres qui vont exploser la barraque. Mais parallèllement à cela il y a des chansons qui sentent franchement le remplissage, et surtout on a l’impression d’écouter des tas d’artistes, mais très rarement du Madonna. Le détail qui ne trompe pas, c’est qu’une écoute de Hard Candy n’en appelle généralement pas une autre tout de suite après, frénétique. C’est peut-être un grower, d’où émergent pour le moment les 5 hits les plus évidents (4 minutes, She’s not Me, Incredible, Beat Goes On, Give It to Me), et donc il est possible qu’on l’apprécie dans sa totalité d’ici quelques mois.

En attendant quelques constats tout de même, passé la pochette qui fait ressembler la chanteuse à une tenancière de maison close … Si Confessions on the dancefloor résonnait comme un hommage aux années 70, Hard Candy, semble lui, catégoriquement axé sur des sonorités Funk, Hip-Hop et new-wave des années 80, pour le meilleur, mais aussi euro-dance années 90 pour le pire.

Et voici un petit détail de ce que j’ai relevé (attention à ne pas grincer des dents) :

Candy Store : L’album commence dans le calme, sur un rythme qui rappelle le Senorità, de Justin Timberlake. Ce titre est sympa, mais ce n’est pas non plus à tomber par terre. Quelques gimmicks intéressants laissent présager de bons remixes. Le titre reste cependant assez ennuyeux.

4 Minutes to Save the World : La première bombe de l’album, appuyée par une vidéo magnifique, dans laquelle on découvre une Madonna qui, il faut bien le dire, semble un peu sortie du Musée Grévin … Au départ on se demande ce que la fanfare de Gandrange (je rigole, mais en même temps, bon …) vient faire dans ce titre, mais il s’avère que ce sont justement ces notes de trompette synthétiques qui marquent la chanson au fer rouge, et lui donnent toute son identité. Pourtant premiers signent d’une perte d’inspiration : Le gimmick « tic, tac, tic, tac, tic, tac » a été quasiment chippé à Gwen Stefani, et on retrouve le « More » vocodé de Britney (Give me More), en arrière plan musical. Un grand bravo tout de même, mais la prochaine fois ne montre pas trop ton Timbaland à tout le monde: son monologue d’introduction est tout simplement « boring » …

Give It to Me : Madonna prouve ici qu’elle est toujours capable de concocter des hymnes fédérateurs pour les dance-floor. Pourtant ce n’est pas évident tout de suite, tant l’intro bontempi, a un coté bizarrement fête forraine. La rupture répétitive en plein milieu de l’album est une trouvaille intéressante. On est prêts à décrocher le pompon, même si, et là je demande pardon aux fans les plus hardcores, ça ressemble quand même beaucoup à une version accélérée de Body Language, de Kylie Minogue …

Heartbeat : Que dire sur ce titre ? Je suppose qu’il fait partie de ceux qu’on apprécie de plus en plus au fil des écoutes, donc il est peut-être encore tôt pour donner un jugement définitif. Un phrasé proche de Missy Ellioth sur un titre low-tempo plutôt agréable sommes toutes, mais ce n’est pas incontournable.

Miles Away : L’introduction à la guitare sèche ressemble à s’y méprendre à celle du titre Astronaut, de Duran Duran, sur l’album du même nom. Et d’ailleurs ce titre comporte de belles plages de synthé qui rappellent leur univers. Rappelons que le groupe venait de travailler avec Timbaland et Timberlake, juste avant la Madone, ceci expliquant peut-être cela. Pour le reste, ce titre aurait pu sans doute figurer sans peine sur American Life. Intéressant …

She’s Not Me : Ce titre, qui rappelle la Madonna des années 80, a sûrement un très bel avenir dans les dance-clubs, même si je ne suis pas sûr du bon goût des coups de sifflet « miss camping » qui émaillent son évolution. Le refrain est entêtant et le jeu de guitare, très Nile Rodgers dans l’esprit (Le Freak de Chic, et Notorious de Duran Duran), est un très bon moment de l’album.

Incredible : Encore une bombe, et pourtant le côté « spot de pub » pour une boite de Corn Flakes, du refrain, laisse un peu perplexe au début … C’est l’exemple type du titre à tiroir, constamment en mutation. On a l’impression d’écouter trois chansons en une, à différentes époques, et on ne peut qu’applaudir. Là encore un gros clin d’oeil aux années 80, à grands renforts de synthés… Gros coup de coeur pour la fin totalement planante, et ses Hooo entêtants …

Beat Goes On : On reste dans une ambiance très disco, hip-hop, années 80. C’est un des titres les plus évidents de l’album. A noter : La première moûture de ce titre comportait un couplet copié-collé du titre Nite-Runner, disponible sur le dernier album de Duran Duran, produit en partie par les Tim-Tim. Madonna semble avoir préféré supprimer ce passage au dernier moment. Mauvais point sur ce titre : La partie rappée est décidément un peu trop estampillée HIP-HOP, l’émission mythique que Sidney présentait dans les années 80. Il ne reste plus qu’à tourner sur la tête.

Dance 2 Night : Earth Wind and Fire et Kool and The Gang, sont quasiment ressuscités dans cette chanson (Ah mais merde, c’est vrai qu’ils existent encore …) Ressortez les basquets à lacets vert fluos ! On remarque aussi les nappes de synthé très années 80 à partir du milieu du titre. Très entrainant !

Spanish Lesson : Une sorte de hip-hop hispanisant, qui devrait aussi pouvoir se danser en flamenco, le tout bâti sur une guitare syncopée, façon Senorità, de Justin Timberlake. A priori le titre le moins convaincant de l’album. On zappe sans état d’âme.

Devil wouldn’t recognise you : Sans vouloir être désagréable, sur ce titre on a carrément l’impression d’entendre les Carpenters, sur le rythme de Cry Me a River, de notre ami Justin (encore lui ?). Ecoute bien les deux titres successivement : Les points communs sont énormes : même rythmique, similitudes dans la mélodie, bruit d’orage et de chute de pluie, et même le solo de Justin, rappelle les choeurs de la fin de Cry Me a River. Edifiant !

4 Minutes to save the World (Bob Sinclar Space Funk Mix) : Un remix particulièrement réussi, mais pourquoi avoir opté pour toutes ces sonorités années 90, et pourquoi ce gimmick récupéré à Benny Benassi dans la partie instrumentale ? Les sons à la 2 Unlimited, dont est parsemé tout l’album, n’étaient-ils pas suffisants ?

En résumé un album plutôt réussi (s’il est déjà numéro 1 des ventes, il y a bien des raisons) mais qui montre aussi que Madonna a atteint ses limites, réutilisant de vieilles recettes qui ont fait leurs preuves, et oubliant de suprendre et d’affirmer son statut d’artiste avant-gardiste, auquel on était attachés. Le terme Hard Candy reste une enigme … Il aurait été choisi car l’album serait construit sur l’opposition entre le dur et le mou, un concept vraiment pas évident quand on l’écoute …

Visite le site de Madonna : http://www.madonna.com/

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