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SIDA : Prvenir, pas punir

Communiqu de presse – 3 juin 2008

SIDA : PRVENIR, PAS PUNIR
Pnalisation de la transmission
du VIH : l’insupportable retour du fantasme du sropositif
meurtrier


Le tribunal correctionnel de Marseille vient de
condamner un homme sropositif de 41 ans trois ans de prison, dont un avec
sursis, pour administration volontaire d’une substance nuisible ayant entran
une infirmit ou une incapacit permanente . Nous condamnons cette dcision de
justice, l’unisson de la grande majorit des acteurs et actrices de la lutte
contre le sida, comme toutes les mesures visant la pnalisation de la
transmission du VIH, et finalement celle des sropositifVEs.

Ni
victimes, ni coupables
. Ce
slogan historique d’Act Up-Paris est plus que jamais d’actualit. Le sida est la
seule maladie dont la transmission suscite aujourd’hui des poursuites pnales,
menant des peines de prison ferme. Prisons, dont les conditions sanitaires
sont notoirement connues pour tre incompatibles avec l’accs aux soins et aux
traitements dont une personne sropositive a besoin.

Ce qui a t
condamn, hier Marseille, c’est le silence d’un homme (cela aurait pu tre
celui d’une femme) sur sa sropositivit. Depuis sa cration, Act Up-Paris a
dclar la guerre au silence, celui qui fait le lit de l’pidmie et des
contaminations, celui qui nourrit les peurs et les discriminations, celui qui
empche, parfois ou souvent, de dire sa sropositivit.
Ce que dit ce jugement, c’est qu’il n’est toujours pas simple de
dire aujourd’hui sa sropositivit dans notre pays
. Et cela mme avec la menace de poursuites
judiciaires.

Ce que dit ce jugement, c’est que le sida, c’est toujours
les autres
et que la responsabilit de la protection devrait relever des
sropositifVEs et uniquement d’eux et d’elles. Tout s’articulerait donc autour
d’une logique binaire, qui verrait s’opposer victime et coupable , femme
et homme, salaud et amoureuse . Comment supporter d’ailleurs que le
procureur qualifie le prvenu de salaud en pleine audience ! Alors mme que
le ministre public qu’il reprsente ne s’meut gure de laisser des milliers de
malades dprir dans ses prisons.

Contrairement ce que pensent faire
croire certainEs avocatEs ou juges bien intentionnEs,
ces condamnations nourrissent le silence plutt qu’elles ne le
combattent
. Nous savons que
ce traitement pnal des contaminations, loin de favoriser la prise de conscience
de chacunE sur ses prises de risque et ses comportements de prvention, ne fait
que jeter encore un peu plus l’opprobre sur les
sropositifVEs.

Refuser la pnalisation de
la transmission du VIH, ce n’est pas prendre parti
: la plaignante comme le condamn sont tous les deux
sropositifs. Elle comme lui font face aux discriminations que subissent les
personnes atteintes et la remise en question radicale de leurs
vies.

Mais ce quoi les procs ne pourront jamais apporter de rponse,
c’est aux questions de fond que soulvent ces situations individuelles. Comment
en arrive-t-on des relations sexuelles non-protges dans le cadre d’une
relation stable ou de couple sans avoir jamais abord le statut srologique de
son ou sa partenaire ou s’tre interrog sur ses pratiques de prvention ?
L’illusion de la confiance et la sincrit
mettraient l’abri de tout danger de contamination. Cette croyance signale le
grave dficit de la prvention en France
. Pour preuve, la campagne de l’INPES sur la question de
l’infidlit qu’on attend toujours.

La plaignante, comme le dit son
interview dans
Le Parisien
dat du 26 mai 2008, par son geste judiciaire poursuit
plusieurs buts : se faire reconnatre comme victime, empcher d’autres
contaminations. Nous ne connaissons pas cette femme, Laurence, mais, femmes et
hommes, sropositifVEs et srongatifVEs de l’association nous nous posons des
questions par rapport sa dmarche : est-il possible de mriter d’avoir le
sida ? Si elle est une victime du sida, cela signifie-t-il que d’autres sont
coupables ?

Cette
condamnation ne va malheureusement pas conduire rduire les discriminations
envers les personnes sropositives. Elle risque, en revanche, d’augmenter la
stigmatisation de touTEs les sropositifVEs. Elle confirmera pour beaucoup que
le sida ne les concerne pas.


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