Bertrand Delanoë s’était rendu le 15 février dernier sur les terres nordistes pour apporter son soutien aux candidats socialistes locaux et notamment celui de Tourcoing, Michel-François Delannoy, élu Maire depuis, qui s’apprêtait à disputer une élection difficile face à Christian Vanneste, député du Nord investi par l’UMP.
Défait dans les urnes, Christian Vanneste a riposté sur le terrain judiciaire, même terrain qui l’a vu condamné à 3000 euros d’amende pour injures en raison de l’orientation sexuelle, en première instance à Lille, en janvier 2006, puis en appel à Douai en janvier 2007. En l’espèce, le député UMP-CNI du Nord reprochait au Maire de Paris, des propos repris notamment via une vidéo dans le quotidien La Voix du Nord, également poursuivi, où, sans être «cité nommément», il est qualifié de «délinquant» et d’«extrémiste». «Tourcoing est une ville que je connais un peu, qui est une ville de subtilités, qui est une ville de nuances. Ce n’est pas une ville extrémiste. C’est une ville qui a besoin de convictions, de détermination, de force, mais qui a besoin aussi d’être rassemblée. Et on ne rassemble pas quand on est extrémiste» avait avancé Bertrand Delanoë. Le Maire de Paris précisait que «Quelle que soit la manière dont on viole la loi, si on a été puni, bah oui, on a été un délinquant, si on a été puni ; et donc pour représenter les citoyens et les citoyennes, il faut être exemplaire, il faut toujours respecter la loi».
Christian Vanneste demandait au tribunal correctionnel de Paris de condamner solidairement Bertrand Delanoë et La Voix du Nord à 10000 euros de dommages et intérêts pour avoir porté atteinte à son honneur et réputation. Devant les magistrats de la 17e chambre en septembre dernier, l’élu UMP-CNI a appelé à «restaurer la dignité du débat démocratique», déplorant qu’à «certaines occasions, on refuse le débat des idées» au profit de «disqualification des personnes». « C’est mon honneur que l’on a traîné dans la boue alors que le délit n’est pas encore constitué» avança encore l’élu du Nord qui ne s’est jamais excusé pour ses propos homophobes qui lui ont valu deux condamnations pénales. L’avocate du maire de Paris, absent à l’audience, ainsi que le procureur de la République avait requis la relaxe, au bénéfice de la bonne foi.
Ils viennent d’être entendus par les magistrats qui ont rendu leur délibéré hier en déboutant Christian Vanneste de sa demande : «Dans le cadre d’une intervention publique en qualité de responsable politique au soutien d’un candidat à la fonction élective, il était légitime pour Bertrand Delanoë de chercher à éclairer les électeurs sur la personnalité d’un des principaux concurrents de celui-ci», a estimé le tribunal. «Quoique intervenant dans un contexte de campagne électorale et de polémique politique qui autorise une grande liberté de ton, le prévenu s’est exprimé de façon mesurée, en se contentant d’allusions et sans désigner nommément la personne qu’il critiquait» a encore avancé le tribunal.
Ne doutons pas que Christian Vanneste se posera une nouvelle fois en victime d’une justice partisane et orientée, le député de la République étant habitué, depuis ses condamnations pénales à fustiger l’autorité judicaire. Ce dernier vient par ailleurs en septembre dernier de voir sa demande en annulation de l’élection municipale de Tourcoing échouer. Malgré les 6 359 voix d’écart avec la liste socialiste, victorieuse au premier tour, Christian Vanneste, ainsi que deux autres candidats mauvais perdants, contestaient l’élection. Sans surprise, le tribunal administratif a suivi les conclusions du commissaire du gouvernement demandant le rejet des deux recours en annulation présentés par Jean-Marie Vuylsteker, Gérald Darmanin et Christian Vanneste. Les juges sont allés même au-delà des demandes du représentant du ministère public en condamnant les demandeurs aux dépens.
Toujours sur le terrain judicaire, est attendu le 4 novembre prochain le délibéré du procès opposant cette fois Christian Vanneste à Jean-Luc Romero. Pour rappel, Jean-Luc Romero, qui avait témoigné par deux fois contre le député du Nord, est poursuivi en qualité d’éditeur de son blog par le député pour les commentaires laissés par un mineur sur le site, écrits dont le conseiller régional n’est pas l’auteur.
Enfin, et concernant le seul Christian Vanneste, son pourvoi face à sa condamnation pénale prononcée par la Cour d’appel de Douai a été examiné mercredi dernier. Lla cour de cassation rendra son arrêt le 12 novembre prochain.
EN SAVOIR PLUS
Le site de Christian Vanneste : www.christianvanneste.fr.
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