10
dcembre 2008
A
l’attention de Bruno Spire, prsident de AIDES & Vincent Vivet,
directeur AIDES Paris IdF
Demande
de positionnement de AIDES par rapport aux ateliers sant bareback
organiss dans ses locaux, par un de ses salaris
Messieurs,
Jeudi
dernier a t lanc un des premiers ateliers dits sant sexualit
barebackers au sein des locaux de AIDES Paris. Se prsentant comme
groupe d’changes communautaire en auto support , ce type d’atelier
s’adresse un public gay ayant dlibrment des rapports sexuels non
protgs, et ce, de manire systmatique ou occasionnelle. Qu’il y ait
dans notre communaut des personnes qui refusent le prservatif, et qui en
mme temps souhaitent prendre soin d’elles et changer sous forme
d’atelier, aprs tout, dans ce format, cela pourrait se tenir. Mais que
ces mmes ateliers soient anims par un membre d’une grande association de
lutte contre le sida telle que AIDES, et qu’ils soient organiss dans les
locaux de la mme association, cela nous inquite et nous pose rellement
question.
Prtendument de sant bareback , ces ateliers ont
fait l’objet d’une promotion via affiches, tracts et communiqus. Le
vocabulaire utilis n’est d’ailleurs pas anodin : bareback, nokpote
sont associs sans complexe d’autres vocables comme dsir, maxi
plaisir , comme si l’utilisation du prservatif ne pouvait tre
compatible toute notion de sensualit ou de plaisir sexuel. Par
ailleurs, il n’est qu’hypocrisie de penser que deux notions comme sant
et bareback sont compatibles. Mais la lecture de ces affiches ou
de ces tracts, tout est fait pour faire croire l’inverse. Comment un gay
qui s’interroge sur la prvention peut-il alors interprter la lecture
d’un tel message ? Comment ne peut-on pas y voir une certaine forme de
proslytisme des rapports non protgs ? Pour nous, un tel discours ne
peut tre celui d’une association de lutte contre le sida.
La
volont affirme de diffuser aussi largement pose galement question.
Distribues l’ensemble des tablissements gays, ces affiches ont suscit
tonnement et incomprhensions de nombreux tablissements membres de la
Charte de responsabilit, dont vous tes pourtant – avec nous –
signataires. En effet, quelle crdibilit ont les acteurs de la lutte
contre le sida si d’un ct nous mettons en place un dispositif de
prvention qui de l’autre serait bafou par la tolrance ou la promotion
de pratiques unsafe ?
La mise en place de tels ateliers sert un
discours complaisant, voire proslyte l’gard du sexe risque. Ces
ateliers posent galement problme quant leur forme. En les hbergeant,
AIDES y apporte sa caution, d’autant plus lorsque l’initiative et
l’organisation manent d’un de ses salaris. Enfin, comment peut-on
prtendre monter des ateliers de sant et sexualit si aucun recadrage n’y
est fait par un mdiateur quand les discussions relaient des ides fausses
?
Aujourd’hui, le taux de prvalence dans la communaut est estim
prs d’un gay sur cinq. Avec de tels chiffres, qui peut encore penser
que la tolrance des pratiques risques reste compatible avec des notions
de sant gay ou de lutte contre le sida ? Cette complaisance l’gard
du bareback , du no-kpote ou de la baise sans capote , peu
importe l’expression, constitue nos yeux une forme de feu vert de la
part d’une association de lutte contre le sida, qui cautionne ds lors le
comportement des gays qui prfrent prendre des risques plutt que de se
protger, de protger la communaut. Pour nous, ce n’est pas cela la lutte
contre le sida.
Depuis le dbut de l’pidmie, nous nous battons
pour faire la promotion du prservatif, reconnu comme seul moyen efficace
de pratiquer une sexualit sans risques. Parce que nous sommes une
association communautaire, et que le niveau de la prvalence dans la
communaut reste particulirement inquitant, parce que nous ne sommes pas
complaisants l’gard des rapports risques, qui, selon nous, ne font
que le jeu de l’pidmie, nous invitons aujourd’hui AIDES s’exprimer et
clarifier ses positions quant ces ateliers organiss en ses locaux, par
un de ses salaris.
Marjolaine Dgremont, prsidente Emmanuel
Chteau, commission prvention
Copies
:
Membres de AIDES : Stphane Calmon, David Monvoisin
;
Autres signataires de la charte de responsabilit : SNEG – Grard
Siad, Antonio Alexandre, Roberto Labuthie ; Sida Info Service – Michel
Ohayon, Herv Baudoin ;
Institutions et autres acteurs de
prvention : CRIPS – Antonio Ugidos, Anne Hidalgo ; DGS – Laurence Cat,
Thierry Troussier ; INPES – Lucile Bluzat, Thanh Le Luong ; InVS – Annie
Velter.
Ainsi qu’ la presse gay.
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