Alors que certains l’avaient oubliée et que peut-être d’autres l’imaginaient allongée lascive sur un divan de cuir, contemplant ses trophées tout en se remettant des excès des périodes fastes, la panthère Grâce, féline et sauvage, nous prend au dépourvu, intacte de toute emprise du temps, avec « Hurricane » une oeuvre dantesque, totalement incroyable, à posséder impérativement dans sa discothèque personnelle.
Grâce Jones, sculpturale muse de la mode, de la publicité et de l’Art (elle a eu un fils avec Jean-Paul Goude et a beaucoup inspiré Andy Warhol), figure androgyne emblématique des années 80 (en plus de ses propres succès « Slave to the rythme », « That’s the Trouble » « Pull Up To The Bumper », et des covers de « La vie en Rose », « Nightclubbing » et »Warm Leatherette » elle collabore notamment en 1981 avec Thompson Twins sur « We are detectives », et en 1985 avec des membres de Duran Duran pour plusieurs titres de l’album mythique d’Arcadia « So Red The Rose » ), actrice (notamment dans le James Bond « A View To A Kill », et « Vamp » de Richard Wenk), icône gay absolue, notamment aux folles soirées du Palace, impose à nouveau sa superbe, réendosse ses apparats de star, et nous délecte d’un opus qu’elle n’a pas voulu brader aux impératifs commerciaux d’aujourd’hui, et c’est comme si nous l’avions quittée à peine hier.
Aidée à la production par Ivor Guest, Sly & Robbie, Tricky et le légendaire Brian Eno, la diva inquiète avec des titres atmosphériques où elle adopte le phrasé d’une conteuse maléfique des temps modernes, chaloupé sur un rythme trip-hop hypnotique, ou bien ragga, soul, et même Dance All ( « This Is »), toujours un peu tribal, avec une touche de Punk Rock assénée par des riffs de guitares énergiques.
A écouter en priorité : la pièce « Williams Blood » qui parle de son père ou encore les poignants « Devil In my Life », et « I’m Crying » (Mother’s Tears)
« Hurricane » journal intime d’une mante religieuse, ogresse croqueuse d’homme ( « Corporate Cannibal ») est déjà un classique puisque totalement intemporel, à l’image de toute la production discographique de Grace Jones, donc éternel.
La voix unique, profonde et habitée de la belle jamaïcaine, envoute totalement l’auditeur, sur des textes schizophrènes pleins de métaphores.
Un chef d’oeuvre néo-disco absolu !
Grace Jones sera en concert au Grand Rex le 22/03/2009
Pour plus d’infos : www.theworldofgracejones.com