Roger Karoutchi s’est à la fois tiré de l’exercice avec tact et mérite, non sans rappeler Bertrand Delanoë, et aura réussi, par son coming out, a s’ouvrir une fenêtre médiatique qu’il n’avait pas connu jusqu’ici dans sa carrière tout en rajeunissant son image et enlevant à ses adversaires la possibilité de l’attaquer sur ce sujet.
Aussi, après les révélations à paraître dans le magazine L’Optimum et en prélude à la sortie de son livre, le conseiller régional francilien qui brigue l’investiture de l’UMP pour affronter Jean-Paul Huchon est revenu dimanche sur son homosexualité sur TF1 comme auprès de plusieurs médias. «Cela correspond à un moment de mon existence où je suis bien dans ma tête. Je suis heureux dans ma vie personnelle et je n’ai plus envie de me cacher» a avancé le membre du gouvernement. Désireux de prévenir toute attaque sur le sujet, Roger Karoutchi a politiquement très bien exploité cette annonce, en rajeunissant son image comme en avançant un soutien de Nicolas Sarkozy, qui en se gardant d’arbitrer le duel des primaires avec Valérie Pécresse, aurait encouragé le secrétaire d’Etat dans sa démarche après l’avoir déjà convié avec son ami aussi bien en vacances que lors des diners élyséens : «Tu décides d’en parler, tu es mon ami. Tu décides de ne pas en parler, tu le restes !».
François Fillon, Jean-François Copé, Xavier Bertrand, Nathalie Kosciusko-Morizet, Christine Lagarde, Claude Guéant, Christine Boutin, Michèle Alliot-Marie etc auraient déjà réaffirmé leur amitié à Roger Karoutchi. La réaction attendue était celle de Valérie Pécresse contre qui il concourt pour l’investiture des régionales. Sa collègue du gouvernement, questionnée l’automne dernier sur ce qui la différenciait de son concurrent, avait mis en avant son statut de «mère de famille». Roger Karoutchi y avait vu une allusion latente à son homosexualité. «On doit pouvoir avoir la vie privée que l’on souhaite» et «pouvoir faire de la politique sans que ce soit ni un handicap, ni quelque chose de difficile à assumer. C’est son choix, c’est sa sincérité» a commenté vendredi Valérie Pécresse pendant le Talk Orange-Le Figaro.
Emmanuel Blanc, président de GayLib s’est félicité pour sa part de cette démarche : «Le ministre démontre, si cela était nécessaire, que si chacun demeure libre de ne pas faire état de sa sexualité, il ne doit pas y avoir pour autant de raisons de la taire ! Cet ami de Gaylib fait honneur à des millions de concitoyens et concitoyennes de notre pays».
Il n’y a pas que du coté de la famille politique de l’élu francilien que les réactions sont intervenues. L’eurodéputé PS Harlem Désir, proche de Bertrand Delanoë, a estimé lors du rendez-vous politique de France Inter-Le Monde-iTélé que cette déclaration pouvait être causée pour prévenir «un mauvais coup» venant de sa famille politique : «En tant qu’homme, je trouve que c’est bien qu’il le fasse s’il l’a choisi, cela ne doit pas être une obligation», «Cela doit relever d’un choix personnel de parler ou non de sa vie privée».
Quant au meilleur adversaire de l’élu, le Président socialiste de la Région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, il a trouvé l’initiative de son collègue «pas antipathique» mais en la voyant politiquement «un peu utilitaire».
Mes quatre vérités, le livre de Roger Karoutchi paraitra le 4 février aux éditions Flammarion.
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Coming Out ministériel de Roger Karoutchi