3 ans et demi après le très soigné Playing the Angel, et la tournée triomphale qui l’accompagnait, le légendaire trio électro-pop originaire de Basildon (Martin Gore, Dave Gahan et Andy Fletcher) est de retour avec Sounds of The Universe, un album résolument tourné vers les sons analogiques de ses débuts.
Comme pour Playing The Angel, c’est le producteur Ben Hillier (Blur, Doves), qui a eu la responsabilité des arrangements de ce 12ème opus, dont on ne peut pas nier la qualité, même si on n’est pas non plus pris d’une envie irrépressible de le réécouter dès la fin de la lecture.
Tout d’abord il y a Wrong, l’indiscutable hit, lancé grâce au renfort d’un clip spectaculaire et sombre, directement inspiré du film d’horreur Saw. Indéniablement ce titre est un hymne imparable, dans la lignée de « Master and Servant », ou « I Feel You », et fera sans doute trembler les parois du Stade de France le 27 Juin prochain .
Autant le dire, rien que ce premier titre lâché en pâture aux fans, justifie l’achat de « Sounds Of The Universe », qu’on attendait du coup comme un nouveau « Violator » (pour moi le meilleur album de Depeche Mode)
Pourtant, même si « Sounds Of The Universe », maintient une fois de plus la Superbe de DM on ne peut pas dire que ce nouvel opus réussisse à éclipser les prouesses passées du groupe. Je veux dire par là qu’une fois le casque ôté, l’auditeur aura peut-être l’impression d’une trop grande homogénéité, d’un manque de relief entre les morceaux. Et puis, à part le premier extrait proposé, même si les airs fédérateurs sont au rendez-vous, on a quand même bien du mal à imaginer d’autres hits singles issus de ce nouvel effort .
On pénètre donc dans un univers plutôt gothique bluesy electro, avec le très efficace « In Chains », un morceau de 7 minutes qui commence avec une longue intro de larsen et plante directement le décor d’un univers chaotique. Comme d’habitude, le potentiel harmonique créé par le cocktail des voix de Dave Gahan & Martin Gore est exploité à son maximum …
« Hole To Feed » (non mais où sont-ils allés chercher ce titre ?) est quant à lui bien plus rock . Ecrit par Dave Gahan, c’est sans contexte un des titres les plus accrocheurs de l’album. Les accords saccadés de la guitare électrique y sont sans doute pour quelque chose.
Pas beaucoup de commentaire sur l’impeccable « Wrong », qui s’inscrit dans les esprits, dors et déjà comme un classique, digne successeur de « Personal Jesus »
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« Fragile Tension » continue sur la lancée synthé + distorsions de guitares, mais son rythme égal ne parvient pas à passionner l’auditeur. Le titre restera pour moi un des plus ennuyeux du CD .
Un léger mieux avec le très calme «little soul », mais pas non plus de quoi tomber de sa chaise .
Sur « In Sympathy », on retrouve le terrain dance qu’on avait apprécié naguère avec « I Feel loved » mais là où la voix de Dave Gahan était quasiment orgasmique, elle est ici plaintive et agaçante.
Difficile ensuite de ne pas rire sous cape à l’écoute de « Peace » dont le refrain sonne comme le slogan scandé d’une secte Arhé Krishna . Malgré la puissance retrouvée de la voix de Dave Gahan, le titre reste répétitif et monotone. Puisqu’on n’a rien à faire d’autre, autant donc rire carrément de son ridicule.
Mais on n’en a pas fini avec l’ennui, hélas . Le titre suivant « Come Back » peut-aussi facilement être zappé. Sans réelle mélodie ni relief, ce morceau lent et sombre ne réussit qu’à mettre mal à l’aise l’auditeur, à cause des guitares saturées qui le parcourent du début à la fin . Par contre si le but était de faire un titre apocalyptique, alors c’est réussi !
Quel autre mot que « Remplissage » pourrait ensuite évoquer le titre instrumental « Spacewalker » qui suit ? Ambiance fête foraine filmée au ralenti, cela pourrait sans doute être une bonne BO pour quelques épisodes de Derrick. Mais même lui est probablement mort d’ennui au moment pile où on lui a fait écouter .
Pas de mélodie transcendante pour le titre suivant « Perfect », un peu moins mou, mais mou quand même .
Heureusement on retrouve enfin le vrai Depeche Mode qu’on aime, avec le tonitruant « Miles Away / The Truth Is ». Là c’est bien simple on a subitement envie de mettre fin à l’anesthésie générale, en ouvrant les fenêtres en grand et en montant le volume à fond . La voix parfois essoufflée de Dave, renforcée par les chours judicieux de Martin Gore, donne un résultat racé et animal, durant lequel l’auditeur n’aura sans doute pas de mal à imaginer la course folle d’un tigre fugitif .
Cette nouvelle preuve de la flamboyance malgré tout intacte de Depeche Mode laisse ensuite la place à « Jezebel », une splendide ballade chantée par Martin Gore, dont la voix fait ici plus que jamais penser à celle d’Andy Bell (Erasure). C’est encore un titre lent certes, mais qui lui, a une vraie profondeur .
Finale en apothéose baroque, avec le très sensuel « Corrupt », qui prendra sans doute toute sa dimension sur scène .
En résumé, ce 12ème album de Depeche Mode s’en tire plutôt bien même si 3 ou 4 des 13 titres qui le composent n’étaient peut-être pas nécessaires.
Retour aux sources analogiques, enrichi d’une couleur blues et rock avec l’emploi quelque peu excessif de sons dissonants, et de guitares électriques saturées, « Sounds of Universe » aurait pu aisément sortir entre « Some great reward » et « Black celebration ».
Pour moi il ne parvient pas à dépasser la qualité de « Violator », mais reste une très bonne pièce à posséder dans sa discographie.
Cerise sur le gâteau, je soupçonne qu’il se fera sans doute de mieux en mieux apprécier avec l’âge, et surtout qu’il prendra une dimension dantesque sur scène .
A suivre donc .
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