WARNING – 5 juin 2009 – www.thewarning.info
Dpistage
VIH et primo-infection
Mais
qu’attend la DGS pour agir?
Faut-il s’tonner de la raction plus que dcevante et conservatrice de
la Direction gnrale de la sant (DGS) l’avis du Conseil national du sida
(CNS) sur l’intrt des traitements antirtroviraux comme nouvel outil de
prvention des infections VIH ?
Pas quand on sait que le prcdent
rapport du CNS suivi de recommandations sur l’volution du dispositif de
dpistage de l’infection par le VIH, paru en novembre 2006, qui proposait dj
de changer le paradigme du dpistage, est globalement rest lettre
morte!
Lors de sa parution, la DGS s’tait littralement
dfausse sur la Haute autorit de sant (HAS), un organisme public
indpendant d’expertise scientifique et consultatif, en lui demandant
d’laborer des recommandations sur cette question.
Les
premires conclusions de la HAS, sur les modalits de ralisation des tests de
dpistage de l’infection par le VIH, ne sont parues qu’en octobre dernier –
tandis que le second volet, qui doit traiter de la pertinence d’une volution
des stratgies et du dispositif de dpistage en France initialement prvu pour
fvrier dernier, est maintenant annonc pour l’automne prochain – trois ans
aprs la publication de l’avis du CNS de 2006 donc!
Toujours
est-il que les premires conclusions de la HAS ne sont pas sans intrt. Elles
prcisent qu’un rsultat ngatif du test de dpistage Elisa combin 6
semaines aprs une exposition suppose peut tre considr comme signant
l’absence d’infection par le VIH, comme l’explique sur le site de la HAS
le Dr Olivier Scemama, adjoint au chef du service valuation conomique et sant
publique[1].
Cette rduction de moiti du dlai d’attente – 3 mois
actuellement – pour tre sr d’un rsultat ngatif, est la consquence des
volutions techniques des tests couramment utiliss. Il s’agit maintenant de
tests dits combins, permettant la dtection simultane des
anticorps, ractions de notre corps apparaissant environ 3 semaines aprs
l’infection, et des antignes p24, marqueurs prcoces de la prsence de
particules virales elles-mmes, autorisant un dpistage de l’infection trs
prcoce – parfois ds 3 4 jours.
Rien de bien rvolutionnaire dans
cette rduction de dlai, que de nombreux acteurs de la lutte rclament depuis
longtemps.
Une
rduction utile du dlai…
Ce dlai de 3 mois est en effet considr comme trop long par de nombreux
acteurs de la lutte contre le sida, parce qu’il constitue un frein au dpistage.
Des chercheurs amricains[2] estiment par exemple, dans la revue Sexually
Transmitted Infections, qu’attendre 3 mois aprs une prise de risque est
contreproductif et proposent de modifier cette recommandation en
vigueur dans plusieurs pays.
Il est en effet absurde de dissuader de raliser
un test pendant la priode de primo-infection, alors mme que la charge virale
est trs haute (centaines de milliers voire millions de particules virales par
millilitre de sang) et le risque de transmission lev. Dpister plus tt,
c’est diminuer le nombre de nouvelles infections. Selon plusieurs tudes,
une bonne partie des transmissions secondaires se produisent pendant cette
phase.
De plus, ramener un dlai plus raisonnable la priode requrant
l’utilisation de prservatif faciliterait la vie des nouveaux couples. Du point
de vue du bien-tre, c’est un progrs indniable.
…mais
la DGS ne fait rien.
C’est seulement ce 7 mai que la DGS vient d’annoncer qu’elle va
mettre en oeuvre les recommandations de la HAS d’octobre 2008! On
attend toujours les textes rglementaires. Il ne semblait par ailleurs pas
compliqu de se fendre, minima, d’un communiqu pour annoncer qu’il n’tait
plus ncessaire d’attendre 3 longs mois en cas de test combin!
Ce
7 mai, la DGS indique aussi qu’elle va demander aux instances comptentes
d’valuer l’impact et les adaptations ncessaires du systme de soins pour faire
face l’augmentation du nombre de personnes dpistes et traites tel que
recommand par le CNS.Ce n’tait donc pas encore le cas! Il aura
donc fallu plus de deux ans et demi et la parution d’un nouveau rapport du CNS
pour que la DGS juge bon de lancer une telle
valuation.
La
DGS va-t-elle enfin avaliser ces recommandations?
Ainsi aucune communication gouvernementale d’envergure sur les
changements ncessaires de la politique de dpistage en France n’a t
faite. Rien n’est dit au grand public sur l’intrt du dpistage trs
prcoce encore moins sur les risques trs levs de transmission du virus
pendant la courte priode de primo-infection, responsable d’une bonne part de la
dynamique de l’pidmie.
Il est dplorable que la DGS prfre, comme
elle vient de le dmontrer nouveau, focaliser sa communication sur les
situations o le risque de transmission est rsiduel (cas des personnes
sropositives traites dont la une charge virale est si faible qu’elle en
devient indtectable) plutt que sur celles o il est lev (cas, par exemple,
des personne en primo-infection avec une charge virale trs leve, mais
attendant scrupuleusement 3 mois pour tre sre de son statut, et viter ainsi
de subir plusieurs dpistages).
[1] Sauf en cas de traitement prophylactique
post-exposition: le dlai reste de trois mois aprs l’arrt du
traitement.
[2] Stekler JD et
coll., Sex Transm Infect, 85: 2-3, 2009.
Rfrences
:
Direction gnrale de la sant : Recommandations du Conseil national du
Sida concernant l’intrt du traitement comme outil novateur de la lutte contre
l’pidmie d’infections VIH
http://www.sante-sports.gouv.fr/actualite-presse/presse-sante/communiques/recommandations-du-conseil-national-du-sida-concernant-interet-du-traitement-comme-outil-novateur-lutte-contre-epidemie-infections-vih.html
Conseil national du sida : Rapport suivi de recommandations sur
l’volution du dispositif de dpistage de l’infection par le VIH en
France
http://www.cns.sante.fr/spip.php?article263
Haute autorit de sant : Dpistage de l’infection par le VIH en
France – Modalits de ralisation des tests de dpistage
http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_704257/depistage-de
www.thewarning.info