En conférence de presse ce matin, Philippe Castel, le porte-parole de l’Inter-LGBT a présenté les revendications de la Marche des Fiertés 2009. Entouré de nombreux intervenants associatifs, il a expliqué le slogan de cette marche, «1969-2009 : FierEs de nos luttes, à quand l’Egalité réelle ?». «C’était intéressant de relier nos luttes actuelles à Stonewall» expliqua-t-il, 40 ans après ces évènements de New York où des LGBT avaient affronté les autorités locales et la Police pour dénoncer les répressions dont ils étaient victimes. Ces évènements ont été fondateurs d’une conscience collective communautaire.
Il n’y a pas qu’outre atlantique qu’on pouvait constater une prise de conscience collective et visible des LGBT. En France aussi, avant la multiplication et diversification des associations LGBT qu’on a connu ces 20 dernières années, des mouvements sont nés de 1968, comme le Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire (FHAR) ou même bien avant l’association Arcadie éditrice de la revue éponyme dès les années 1950. Aujourd’hui encore ce besoin de visibilité et de réunion reste de mise : «La question de la visibilité reste très importante, ne serait-ce qu’un seul jour» a rappelé Philippe Castel alors que de nombreux LGBT restent invisibles dans leurs familles, leurs cercles amicaux, professionnels…
Comme «Nous n’avons toujours pas les mêmes droits», l’Inter-LGBT appelle toujours à «L’Egalité réelle, juridique mais aussi dans l’espace social, dans le milieu professionnel, à l’Ecole».
Dans le milieu professionnel justement, Jacques Lizé, co-Président de SOS Homophobie a rappellé que «le travail demeure la première source de prise de contact» avec l’association, «Cela s’exprime essentiellement sous la forme du harcèlement». Catherine Tripon, porte-parole de l’Autre Cercle a rappellé les résultats d’une étude commandée par la Halde qui estimait «entre 15 et 20000 actes homophobes en France» et que «l’homophobie n’est pas sanctionnée au sein de l’Entreprise», contrairement à d’autres actes discriminatoires ce qui fait que «plus de la moitié des homosexuels et lesbiennes ne sont pas visibles sur le lieu de travail», par peur du rejet. Sur le sujet, Philippe Chauliaguet, Président du collectif Homoboulot a souligné que «Psychologiquement, c’est très difficile de se nier au quotidien», appelant les Entreprises à mener de réelles actions de diversification à l’attention spécifique des LGBT, voeu partagé par Gérard Aschierri, le Secrétaire Général de la FSU présent ce matin. «C’est vrai qu’il y a un arsenal de plus en plus développé contre les discriminations mais il n’est pas utilisé de la même manière selon le type de discrimination» a affirmé le syndicaliste, reconnaissant que les syndicats eux-mêmes ont pris sur le tard conscience du problème alors qu’originairement ils avançaient le fait qu’il s’agissait de questions relatives à la vie privée pour s’en défausser.
Il n’y a que pour l’Ecole, thème de la Marche de l’année dernière, où l’Inter-LGBT est particulièrement satisfaite du travail gouvernemental entamé. Reçu par Xavier Darcos, l’inter-associative a vue une réelle prise en compte des revendications liées à la lutte contre l’homophobie à l’Ecole même si il reste des actions à faire et que du retard a été pris. Toutefois, la représentante de MAG a souligné qu’«on ne punira toujours pas de la même manière un «sale PD» qu’un «sale juif» ou «sale bougnoule» à l’école».
Les autres revendications n’ont toujours pas changé, faute d’actions de l’exécutif. L’inter-LGBT constate même un recul dans plusieurs cas. Ainsi, sur le couple «On voudrait que le Pacs se voit accorder les mêmes droits sociaux que le Mariage, voeu toujours inassouvi malgré les promesses de campagne de Nicolas Sarkzoy». En particulier, le conjoint survivant pacsé ne bénéficie toujours pas de la pension de réversion. Droit au congé dans le cas d’un Pacs, signature en Mairie, bénéfice du capital décès pour les fonctionnaires restent à obtenir. «Nous revendiquons clairement l’accès au Mariage, nous dénonçons toujours une discrimination d’Etat» a souligné Philippe Castel qui demande aussi à ce que «les familles homosexuelles soient sécurisées» alors même qu’elles ne sont toujours pas reconnues. Sur le sujet, l’Inter-LGBT doit rencontrer Jean Leonetti, député chargé de déminer le dossier du tiers parent si ce n’est de l’enterrer. «La famille homoparentale n’est pas discriminée. Elle est ignorée !» a condamné le représentant de l’APGL alors même que l’association fait état d’un nombre important de projets homoparentaux, assouvis ou en cours. «En un an et demi nous avons recensé 48 naissances via le recours à la Gestation Pour Autrui (GPA) et plus de 250 projets», principalement effectués à l’étranger (USA, Ukraine, Russie, Inde…) mais «Il y a en France un véritable marché de la GPA» a affirmé l’APGL. Enfin, droit d’asile et implication de la France à voir aboutir une directive communautaire contre toutes les discriminations font parti des revendications.
Les marcheurs sont attendus pour un départ à 14h, place du 18 juin 1940-Montparnasse. Comme les éditions précédentes, 3 minutes de silence en solidarité aux victimes du Sida seront effectuées à 16h30 où la Marche s’interrompra. Enfin, l’octroi, seul source de financement de la Marche qui n’est pas subventionnée tout comme l’Inter n’a pas de salariés, aura lieu au début du Pont de Sully avant l’arrivée à Bastille.
Lesbiennes, Gaies, Bi et Trans’
1969-2009 : FierEs de nos luttes, à quand l’Egalité réelle ?
Samedi 27 juin 2008 de Montaparnasse (14h) à Bastille