Avec deux morts, un jeune homme, Nir, 26 ans, et une adolescente, Liz, 17 ans, tués sur le coup et une dizaine de blessés dont trois graves, le bilan, déjà lourd, aurait pu être plus dramatique encore. Samedi soir, à 23 heures, dans les locaux de l’Association pour la défense du droit des personnes, un homme a surgi cagoulé et tiré à l’arme automatique dans l’assemblée avant de prendre la fuite.
Le mobile homophobe ne fait pas de doute. Pourtant, Tel-Aviv la laïque, souvent opposée à Jérusalem la religieuse, est considérée comme la ville la plus tolérante d’Israël. Tel-Aviv se démarque pas une forte communauté homosexuelle et s’impose comme l’une des destinations homosexuelles majeures. Si le mois dernier, cinq couples homosexuels ont échangé symboliquement leurs consentements au cours d’une grande fête à laquelle assistait Ron Huldaï, le maire de la ville, à Jérusalem la gay pride fait l’objet de menaces et violences. En 2005, un juif orthodoxe avait poignardé trois homosexuels. Il a été condamné à 12 ans de prison suite à cette agression.
«Parmi ceux qui ont été plus légèrement blessés, certains ont refusé de se laisser conduire à l’hôpital, de peur d’être identifiés par leurs parents» a déclaré Avi Soffer, un des volontaire de l’association, comme le rapporte le quotidien Libération. Cette fusillade a été condamnée par la classe politique locale, Benjamin Netanyahou a «condamné avec vigueur ce meurtre odieux. Nous sommes un Etat démocratique, prônant la tolérance, et nous devons respecter tout individu, quel qu’il soit». Le parti orthodoxe Shass et les deux grands rabbins d’Israël ont également dénoncé cette attaque alors même qu’ils sont accusés par les associations homosexuelles d’installer un climat homophobe à leur encontre par leurs prises de positions hostiles répétées. Pour la dirigeante du parti centriste Kadima, Tzipi Livni, «cet événement difficile devrait réveiller la société, et la faire se débarrasser des préjugés». Le président Shimon Peres a qualifié de «meurtre méprisable» qu’«un peuple cultivé et éclairé ne peut pas accepter» cette fusillade.
Pour les représentants de la communauté homosexuelle, il s’agissait d’une attaque homophobe. Il n’est «pas étonnant qu’un crime pareil puisse être commis, compte tenu de l’incitation à la haine contre la communauté homosexuelle» a estimé le président de la communauté des gays et lesbiennes à Tel Aviv, Maï Pelem. A l’opposé, les autorités se gardent pour l’heure de qualifier l’évènement, le chef de la police de Tel Aviv a affirmé «ne pas être certain du motif de cette attaque, le centre n’ayant pas reçu récemment de menaces».
Suite à cette attaque de nombreux homosexuels se sont spontanément rassemblés aux abords du centre pour faire part de leur émotion.