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Tragédiennes 2, Véronique Gens

Son premier récital, Tragédiennes, sorti en 2006, couvrait les 17 et 18ème siècles, de Lully à Gluck avec, bien sûr, une large part consacrée au grand Rameau. Ce nouvel album s’inscrit donc dans la continuité de cette exploration d’un répertoire français, digne et grave, peut-être un peu austère, mais aussi plein du charme drapé que procurent les choses nobles.

Ce répertoire exigeant, où le texte est au moins aussi important que la musique, réclame en tout cas des interprètes de haut vol, aussi à l’aise et convaincants dans l’interprétation musicale que dans la diction expressive de la langue du 18ème siècle. C’est sans doute pour cela que peu de chanteurs se précipitent à sa porte.

Et c’est en toute majesté qu’une très grande dame de l’art lyrique nous conduit et nous guide sur les traces de Didon, Médée, Andromaque, Armide, héroïnes immortelles, fières et dignes dans la douleur, héroïques dans la souffrance, femmes altières, parfois cruelles, dont les tourments, les désespoirs et les fureurs ont inspiré tant de poètes, peintres et musiciens.

Le récital va de Rameau (Les Paladins) à Berlioz (Les Troyens), en passant par Cherubini (Médée) et Gluck (Alceste, Orphée et Eurydice). Excellente initiative en clin d’oeil aux canons de l’opéra français, les airs chantés par Véronique Gens sont entrecoupés d’intermèdes instrumentaux, le plus souvent sur le rythme de danses.

Beaucoup de choses ont été dites sur la beauté sombre du chant de Véronique Gens, la noblesse de ses intonations, sa diction parfaite (les moindres syllabes sont parfaitement intelligibles), sa puissance vocale altière et déchirante. Tout cela est évident.

Je voudrais juste ajouter, et c’est quelque chose qui me tient particulièrement à coeur, que ce récital absolument somptueux a aussi pour grand mérite de faire connaître des oeuvres de compositeurs aujourd’hui oubliés, bien qu’ils furent en leur temps des figures éminentes de la vie musicale française, notamment Grétry, Piccinni et Sacchini -le professeur de chant de Marie-Antoinette. On découvrira notamment un air boulversant, extrait de l’Herminie, écrit par un compositeur totalement inconnu, Juan Crisostomo de Arriaga, jeune violoniste basque espagnol, prodige fauché par la tuberculose dans sa vingt-et-unième année.

Mme Gens, à quand le troisième volet de vos « Tragédiennes » ? Le répertoire français ne manque pas d’oeuvres oubliées à nous faire découvrir.

JEF pour CitéGAY ( http://jefopera.blogspot.com/ )



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