Olivier Abel, un philosophe protestant, Jean-Claude Guillebaud, essayiste catholique, Tarek Oubrou, un théologien musulman imam à Bordeaux et Rivon Krygier, un rabbin parisien, cosignent ce jour dans le quotidien Le Monde un appel contre les LGBTphobies et invitent les responsables religieux à se positionner clairement.
APPEL OECUMENIQUE
La date n’est pas choisie au hasard. C’est deux mois, jour pour jour, avant la Journée mondiale de lutte contre l’Homophobie qui porte justement sur les religions que plusieurs intellectuels et personnalités des grandes religions monothéistes lancent cet appel dans le quotidien Le Monde.
Le texte publié fait part du constat des auteurs, «Au-delà des convictions spirituelles, éthiques et même théologiques», «des discriminations, des violences et des humiliations dont les homosexuels et transsexuels continuent à être l’objet». «nous croyons que nos Eglises et nos confessions religieuses ont une parole publique commune à tenir» estiment-ils.
Mais, au-delà, Olivier Abel, Jean-Claude Guillebaud, Tarek Oubrou et Rivon Krygier estiment que nous assistons à un retour de l’ordre moral, non dans sa dimension éthique mais normative, qui se révèle dangereux : «cet ordre moral risque de se transformer en normes de droit qui légitimeraient plus d’exclusion et de violence, déjà perceptibles dans nos sociétés, à l’égard de ceux qui ont une sexualité différente de celle de la majorité».
HOMOSEXUALITE, TRANSEXUALITE, «UN FAIT DONT IL FAUT ADMETTRE L’EXISTANCE»
La force de cet appel ne vient pas à proprement parlé de la dénonciation des violences et discriminations LGBTphobes mais de l’invitation faites aux dignitaires religieux, quel qu’ils soient, de reconnaître l’homosexualité comme un fait social et anthropologique, minoritaire soit, mais ni déviant ni propre à subir l’opprobre : «Il ne s’agit pas de lutter pour un droit : l’homosexualité et la transsexualité sont des faits qui, sous des figures et des noms divers, ont toujours existé et existeront toujours. Ce n’est pas un fait « pathologique » à combattre, mais un fait dont il faut admettre l’existence».
A dessein de se limiter au plan strictement doctrinal, les signataires ont pris soin de préciser qu’ils n’appelaient pas de réclamer des droits nouveaux (mariage, adoption etc) mais de clarifier de manière progressiste la position des religieux souvent contradictoire quant ils condamnent l’Homosexualité mais indiquent respecter les personnes homosexuelles.
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Débat sur Direct 8 entre personnalités de confessions différentes, sur l’homosexualité… Nous sommes loin du point de vue de cet appel…