Septembre 1957 : des centaines de japonais font la queue une nuit entière afin de se procurer des places pour un concert exceptionnel : la Philarmonie de Berlin et son chef, Herbert von Karajan. se déplacent au Japon. C’est bien évidemment le clou de la saison : plus de 600 VIP sont attendus, dont plusieurs membres de la famille impériale. Les plus modestes quotidiens de province font leur une de l’événement.
Le Japon compte certes déjà un large public mélomane mais la plupart des commentateurs de l’époque s’accordent à penser que cette visite de Karajan a eu un effet déterminant dans la popularisation de la musique classique occidentale au Japon. Le succès fut en effet immense et le chef retourna au Japon pour une autre tournée, deux ans plus tard, cette fois avec la Philarmonie de Vienne.
Bel aperçu de la grande tradition allemande, le programme du concert de Tokyo comporte trois morceaux de bravoure : l’ouverture des « Maitres Chanteurs » de Wagner, « Don juan » de Richard Strauss et la cinquième de Beethoven, la symphonie des symphonies.
La maison italienne Dynamic vient d’éditer la captation de ce concert historique par la télévision japonaise. C’est un document beau et émouvant, témoignage de l’âge d’or où le maestro fut sans doute à son sommet. Concentration proche de la méditation, précision chirurgicale dans les gestes, le maitre dirige les yeux souvent clos. La dynamique de l’orchestre est néanmoins fabuleuse et sa sonorité déjà incomparable, limpide, lumineuse mais aussi caressante et veloutée.
Un très beau document.
JEF pour CitéGAY ( http://jefopera.blogspot.com/ )