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Cinéma : Mange, Prie, Aime

« Mange, prie, aime » : quand même un drôle de titre pour le nouveau one woman show de Julia Roberts. Le film est adapté d’un roman d’Elizabeth Gilbert, qui connait un très vif succès -comme le film d’ailleurs- auprès des ménagères de moins de 50 ans (ouf, je suis encore dans le lot…).

Tout part de l’idée usée jusqu’à la corde -mais qui obsède toujours les américains- selon laquelle il faut aller chercher la vérité le plus loin possible de chez soi. C’est ce que va mettre en pratique la belle Julia : complètement à l’ouest après avoir plaqué son gentil mari sans vraiment savoir pourquoi, elle décide, sur les conseils d’un vieux sorcier balinais édenté rencontré dans ses années de jeunesse, de passer un an sur la route, en Italie pour goûter et apprendre la cuisine, puis en Inde pour prier et enfin, à Bali, où elle fait du vélo dans les rizières et rencontre l’amour dans les bras musclés et poilus de Javier Bardem. Trois actes, trois décors exotiques. S’il avait encore été là, on aurait pu proposer le sujet à Puccini pour un nouveau Tryptique. Pas assez tragique à son goût sans doute.

N’empêche que sur un tel argument, je m’attendais au pire. L’orgie de pasta digérée, les scènes de la vie quotidienne des babas dans les ashrams me donnent d’ailleurs encore froid dans le dos : passer la serpillère à quatre pattes, coller sur sa poitrine un sticker « ne me parlez pas, je suis en retraite silencieuse », se farcir les délires enregistrés d’une dondon allumée, répéter à l’infini des formules cabalistiques dans une langue inintelligible, se faire piquer par des insectes monstrueux, se coltiner la compagnie plus que relou d’allumés venus de la terre entière, ouh la la ! Heureusement qu’il y avait la bonne herbe ! Mais Julia, sauve-toi vite de ce nid de coucous ! Enfin à Bali, dans la douce impression de prolonger un peu mes promenades du mois dernier dans les rizières balinaises.

Finalement, le pire n’était pas au rendez-vous. Bien sûr, c’est plein de poncifs et vraiment bétassou. Mais toutes ces belles cartes postales, c’est tellement reposant. Et puis, on adore tous Julia Roberts, qui nous offre un « Rendez vous en terre inconnue » quand même plus glamour que Muriel Robin chez les Pygmées.

Lorsqu’on y réfléchit un peu (c’est vite fait), on se dit que la Julia aurait sans doute facilement rencontré autant de gens intéressants et authentiques en déménageant dans le Bronx ou à Saint-Denis. Car la richesse de son parcours, beaucoup plus que les pseudo enseignements philosophiques qu’elle reçoit, ce sont tous les vrais gens qu’elle rencontre, si différents de la horde de bobos préformatés, égocentriques et bavards des beaux quartiers de Manhattan, sur la bouche desquels Julia aurait été bien inspirée de coller un sticker « tais-toi ».

Finalement, si cette histoire plait autant, c’est sans doute parce qu’elle renvoit à des choses tellement simples qu’on les a toutes perdues de vue. Ce petit rappel aux basiques n’en est que plus rafraichissant.





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