Human Rights Watch, Amnesty International, et la Gay and Lesbian international Human Rights Commission ont publié Vendredi 16 Mars un communiqué dans lequel ils somment le gouvernement irakien d’enquêter immédiatement et de traduire en justice les responsables d’une campagne d’intimidation et de violence à l’encontre de jeunes irakiens perçus comme homosexuels uniquement, à cause de leur look »emo », un mouvement vestimentaire proche de la mode gothique, caractérisé par des gouts musicaux rock alternatifs, des vêtements ajustés souvent noirs et parfois du maquillage, »emo » étant l’abbréviation de »émotionnel »…
Selon Joe Stork, directeur adjoint à Human Right Watch au Moyen-Orient, »Le gouvernement a contribué à une atmosphère de peur et de panique favorisée par des actes de violence contre les emos …/… Au lieu de prétendre que les comptes-rendus sont fabriqués, les autorités irakiennes doivent procéder à une enquête transparente et indépendante face à cette crise. »
Le ministère de l’intérieur, dans une déclaration officielle du 8 Mars dernier, avait en effet rejeté en bloc les accusations des militants locaux et des médias, déclarant qu’elles étaient »sans fondement » et que des actions en justice seraient intentées contre ceux et celles qui tenteraient de leur donner une importance disproportionnée. Un peu plus d’un mois auparavant ce même ministère avait pourtant qualifié la culture emo de »sataniste » tout en affirmant la volonté du gouvernement de protéger ses ados.
Plusieurs dizaines de jeunes irakiens auraient ainsi été assassinées simplement à cause de leur apparence, rapportent les trois ONG, et ce triste bilan ferait selon toute probabilité suite à une campagne organisée au début du mois Février dernier dans les quartiers de Sadr City, Al-Hababiya de Bagdad, où par le bias d’une affiche listant 33 noms et des dépliants, les jeunes anti-conformistes étaient menacés de la »colère de dieu » s’ils ne rectifiaient pas leurs coupes de cheveux et leurs »actes » sales dans les quatre jours.
Le 14 Mars dernier une équipe de télé arabe qui tentait de filmer un reportage sur les attaques ciblant les émos s’est retrouvée en garde à vue durant trois heures, puis relachée après confiscation des de ces images qui pourtant ne montraient que le centre de la ville de Bagdad.
»L’inaction du ministère irakien de l’Intérieur et son déni quant à la campagne organisée à l’encontre des personnes considérées comme non-conformistes menace toute personne différente, y compris celles qui défient les notions traditionnelles de genre et de sexualité », a déclaré Jessica Stern, directrice des programmes à l’IGLHRC (Gay and Lesbian international Human Rights Commission), avant d’ajouter que »le gouvernement doit veiller à la sécurité de tous les Irakiens, sans amplifier les menaces contre ceux qui sont déjà ciblés ».
Le 8 Mars dernier plusieurs membres du parlement irakien ont exigé qu’une enquête de police soit débutée. Son président Oussama Najaifi a par ailleurs déclaré le 13 Mars que la vague »d’assassinats de certains jeunes décrits comme Emo, par certains groupes au nom de la réforme de la société, favorise une culture de violence et de terreur » constituant »une violation du droit et un crime ».
»Au mieux la réponse du ministère de l’Intérieur irakien est tout à fait insuffisante, au pire, il ferme les yeux sur la violence contre les jeunes emo », a estimé de son côté Hassiba Hadj Sahraoui, d’Amnesty International avant de conclure: »Les autorités irakiennes doivent condamner sans équivoque les attaques, enquêter sur les meurtres, et protéger toute personne en danger ».