Pour Roy, un ingénieur de 42 ans, « la vie en Israël, en tant qu’homosexuel, n’est ni difficile, ni compliquée ». Son mari, un journaliste de 39 ans, renchérit : « la plupart du temps, la question ne se pose même pas ». Tous deux sont cependant d’accord : il reste dans ce domaine encore de nombreux combats à mener.
« Nous n’avons pas à nous plaindre, nous avons de la chance. Mais nous sommes bien décidés à tout mettre en ouvre pour combler les lacunes », explique Eran, les yeux rivés sur son fils, qui joue maintenant par terre avec des camions.
Ce qui manque, affirment-ils d’une même voix, c’est la reconnaissance au sens large de leur union, de leur famille, de leurs droits en tant que parents. Ensemble depuis 16 ans, les deux hommes se sont mariés légalement au Canada en 2005, après une cérémonie intime en Israël, avec leurs familles et amis.
« Dès notre retour ici, nous avons fait enregistrer notre mariage au ministère de l’Intérieur, et nous nous sommes inscrits comme mariés dans les registres de l’état civil. Mais ce n’est pas suffisant : vis-à-vis de l’Etat, il ne s’agit toujours pas d’une reconnaissance officielle », déclare Roy.
« Même avant d’avoir un enfant, ce n’était pas tant une question de droits, mais plutôt de difficultés à traiter avec certains organismes », ajoute-il. Une compagnie d’assurances, par exemple, a exigé une copie de leur certificat de mariage avant de leur accorder à tous les deux la possibilité de prendre des décisions concernant la police de leur véhicule commun. « Bien sûr, ce n’est pas la fin du monde, mais cela n’arriverait jamais à un couple hétéro », souligne-t-il.
Les Mor-Cicurel sont les premiers à s’être adressés à l’administration fiscale pour réclamer des crédits d’impôt équivalents à ceux d’un couple hétérosexuel. « Le fait d’avoir soulevé la question des crédits d’impôt nous a vraiment servi de leçon, ces tout derniers mois », explique Eran. Et d’ajouter en rigolant : « Nous sommes le patient zero ».
Ils ont reçu le soutien de la députée de Yesh Atid, Adi Kol, et fin décembre 2013, une directive prévoyant l’octroi des mêmes crédits d’impôt aux couples de même sexe que ceux attribués aux couples hétérosexuels a été initiée. La question est toutefois encore au premier stade du processus législatif.
La mise en ouvre de cette directive ne prévoit pas, cependant, la reconnaissance des couples de même sexe, et ce notamment en raison de l’opposition de certains partis au sein du gouvernement, comme HaBayit HaYehoudi. « Quand un parti comme HaBayit HaYehoudi refuse de voir les termes même de « couple de même sexe » figurer dans un texte de loi, il affirme en fait que notre union a le droit d’exister, mais qu’elle vaut moins que la leur. »
Source : IsraelValley