Il devait être jugé hier après midi, devant la 45e chambre correctionnelle de Bruxelles. La profusion de dossiers a provoqué le renvoi de l’affaire en mai prochain.
Othmane E. M., un trentenaire, devait comparaître pour des faits de fraude, vol et abus de confiance, dans deux dossiers différents, couvrant des faits commis en 2013 et 2014, en Belgique. Il s’est présenté hier, discret et libre de ses mouvements. Ceux-ci ont une chose en commun : toutes les victimes font partie de la communauté homosexuelle.
Hier, le dossier des faits de 2014 comprenant plus d’une dizaine de victimes a été introduit. Parmi celles-ci, les cas de Dominique et Vince (racontés ci-dessous). Le dossier des faits de 2013, beaucoup plus volumineux, est repassé en opposition, justifiant le fait qu’ils ne puissent être joints.
Pour ces cas, le modus operandi était souvent le même : la première approche se fait via un site de rencontres homosexuelles.
Puis vient la rencontre, pendant laquelle l’arnaqueur, roulant des mécaniques, parvient à noter le code Pin de sa victime. Puis le vol de la carte bancaire. Selon nos informations, l’escroc présumé n’aurait jamais eu de conduite violente à l’égard de ses victimes.
Othmane E. M. sera jugé le 27 mai, dans le cadre des deux dossiers parallèles. Et d’autres victimes se seront peut-être entretemps fait connaître…
Vince : « Il m’a laissé en plein Bruxelles à 5 h du matin »
Vince (prénom d’emprunt), 41 ans, victime d’Othmane E. M.: « Il m’a contacté sur le réseau social Badoo. On a dialogué. Un soir, il m’a demandé de me dévêtir, m’a complimenté sur mon physique. On a convenu de se voir.
Un dimanche, en février 2014, vers 22 h, il m’appelle et me dit qu’il est près de chez moi, dans les Ardennes. « J’ai très envie de te rencontrer », me dit-il. Il arrive, on se présente, on discute. Il me parle de sa mère qui a très envie « de me rencontrer ». Il dit travailler dans l’import-export. Vers 23 h, il me dit de le suivre à Bruxelles pour manger chez sa mère « qui fait de bons gâteaux ». Il y en a pour trois heures de route. Au début, je refuse et je finis par accepter face à son insistance. Il me dit aussi de prendre mon GPS et ma tablette Samsung avec moi, avec les boîtes d’emballage. Je ne tilte pas. Vers 1 h, nous partons. À 4 h, on arrive place Rogier, à Bruxelles, où il sort pour « chercher un sac ».
En fait, il allait piller mon compte avec les deux cartes bancaires qu’il m’avait volées chez moi, sans que je m’en rende compte. Puis il me laisse place De Brouckère à 5 h du matin, avec comme mission « d’acheter du café pour sa mère ». Je ne le reverrai plus jamais. Il m’a volé 500 ?, une tablette, un GPS, mes affaires, mes médicaments. J’ai de suite déposé plainte et fait opposition. Le soir même, j’ai fait une fausse alerte cardiaque. Depuis ces faits, ma santé est très mauvaise. »
Dominique : « Il disait être israélien et ancien footballeur »
Dominique (prénom d’emprunt), 51 ans et victime d’Othmane E. M. « En octobre 2014, je suis sur PlanetRomeo, un site de rencontres homosexuelles, et j’échange des messages avec un homme qui dit s’appeler Kabir. Après quelques conversations téléphoniques, nous nous rencontrons chez moi. Il arrive avec une superbe Mercedes. Son image est très étudiée. Il faisait semblant d’être un businessman, toujours très occupé. Il disait être israélien, qu’il était un ancien footballeur. J’avais du mal à le croire vu son petit ventre. Il disait être patron d’une entreprise de matériaux de construction.
« Nous discutons et il me dit qu’il a besoin d’une carte de téléphone pour gérer un chargement de matériaux par un ouvrier, quelque chose du genre. Je dois alors payer en ligne et tape mon numéro de compte et mon code Pin. Il a fait mine de se cacher et a vu mon code. Il m’a alors demandé un café et c’est là qu’il m’a volé ma carte. C’était un vendredi soir. On s’est quittés place Sainte-Catherine, à Bruxelles, en se promettant de se revoir.
« Mais le lendemain, je m’aperçois que ma carte n’est plus là et je fais opposition. Dimanche, je n’ai pas de nouvelles de sa part. Lundi, je vais à ma banque : en tout, près de 3.000 euros ont été retirés, en cash ou en frais de restaurant et de téléphone ! C’était la première fois que ça m’arrivait et je ne comprends toujours pas comment j’ai pu ainsi me faire avoir. »
Source : DHNet