Le 17 octobre, après un débat mêlant terrorisme, assassinat de policier et problèmes des banlieues, l’amendement du sénat relatif aux frees parties a été voté par l’ensemble des sénateurs, exceptés ceux du PCF qui se sont abstenus. Cet amendement sera représenté à l’Assemblée Nationale le 31 octobre (jour d’Halloween !).
En pleine période électorale, dans un contexte où la sécurité est l’une des préoccupations majeures de l’opinion publique, la techno semble être une cible facile pour renforcer une image de fermeté. Mais la techno est-elle le principal problème sécuritaire en France ? N’y a-t-il pas d’autres priorités ?
Les réels problèmes soulevés par les rassemblements alternatifs méritent que l’on maintienne un réel dialogue permettant de mener des actions en concertation favorisant la prévention et la sécurité en évitant toute marginalisation et radicalisation. Les organisateurs tout comme les pouvoirs publics doivent faire preuve de responsabilité. Les organisateurs doivent être conscients des inquiétudes suscités par les problèmes soulevés par certains rassemblements sauvages et y répondre, les élus doivent éviter tout amalgame et diabolisation qui assimilerait les organisateurs et leurs participants à des délinquants.
Le Ministère de l’intérieur a ouvert la porte des négociations aux organisateurs : trois réunions, auxquelles Technopol a assisté, se sont tenues au siège du Ministère.
En effet, le Ministère tente, par le biais d’une « charte de bonne conduite » de mieux faire accepter l’amendement. L’organisateur, qui aurait déclaré au préalable sa soirée et signé la charte, bénéficierait de la bonne volonté de la préfecture pour l’aider à organiser son évènement, celle-ci lui proposerait même, le cas échéant, un lieu de secours.
Mais quelle confiance les organisateurs accorderont-ils aux autorités alors que, partout en France, des organisateurs qui ont une démarche légale et de nombreux acteurs de la scène alternative free party subissent annulations et pressions, sont mis en examen sous contrôle judiciaire et se font saisir leur matériel de son et de musique ?
Comment un tel amendement peut être toléré alors qu’à l’heure actuelle il est quasi impossible d’organiser une soirée associative déclarée sans se voir essuyer un refus de la part des mairies et préfectures ?
Parmi les difficultés rencontrées par des rassemblements dans des salles, on peut citer :
– Composer Records dans l’Ain (10) : bien qu’autorisée la soirée s’est vu annulée le jour même au motif « qu’elle était référencée sous le vocable de rave sur un site Internet ».
– Annulation de la fête Ravolution organisée par Cybertribe à la ferme du Bois Briard (91) : annulation par la mairie un jour avant.
– Marabout Productions au pays Basque (64) : l’organisateur de cette petite fête associative est mis en examen avec quatre chefs d’inculpation suite à la mention de la fête sur un site Internet et suite au malaise d’un participant.
Sur la scène free, les mises en examens se sont multipliées cet été comme aux Eurockéennes ou des perquisitions et interpellations ont eu lieu, aboutissant à 7 mises en examen dont certaines avec 12 chefs d’inculpations et des saisies de matériel (ordinateurs, samplers .).
Tous ces exemples démontrent qu’il existe déjà un arsenal judiciaire suffisant et parfois utilisé pour poursuivre les organisateurs de soirées techno avec abus.
L’amendement proposé renforce à nouveau la répression dont est victime depuis dix ans la musique électronique, l’association Technopol confirme ses propositions et requêtes déjà formulées au printemps dernier :
– le retrait de tout amendement au sein de la loi « sécurité quotidienne » qui s’ajouterait au dispositif déjà existant.
– L’arrêt de la répression envers les free, et l’ensemble de la scène électronique, l’arrêt des refus d’autorisation et excès de pouvoir, des interdictions et des fermetures administratives abusives d’évènements et d’établissements (bars, clubs) diffusant de la musique électronique.
– La reprise immédiate des discussions pour l’amélioration de la circulaire de 1998 afin d’intégrer des dispositions adaptées aux nouvelles formes festives et des collectifs de fait organisant des fêtes non-autorisées.
– Le recensement des sites susceptibles d’accueillir les rassemblements techno dans les meilleures conditions de sécurité et de salubrité pour les milliers de jeunes qui les fréquentent.
– La désignation d’un correspondant qualifié auprès des préfets, en particulier dans les départements les plus sensibles, ouverts au dialogue et à la concertation.
– Une période d’expérimentation pour rétablir la confiance et aboutir à la définition des conditions minimales pour la bonne tenue des fêtes électroniques.
Tant que le mouvement techno n’aura pas sa place dans le champs culturel français, Technopol ne restera pas passif et soutiendra tous ceux, organisateur et public, qui participeront aujourd’hui comme demain, par le biais des fêtes techno à défendre le droit à la fête et promouvoir la liberté d’expression musicale en France.
p/o Technopol
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