Madame la présidente,
Vous avez bien voulu me saisir des problèmes de logement rencontrés par les personnes malades du sida, en mettant en cause l’action menée par la nouvelle équipe municipale et sa bonne foi.
Je tiens à vous rassurer sur ma volonté, en tant que maire de Paris, d’apporter des améliorations concrètes, sur ce sujet qui me tient à coeur depuis longtemps et sur lequel j’ai pris des engagements que je tiendrai.
Permettez-moi de vous dire quel fut mon étonnement, lors de votre manifestation du 6 octobre dernier, devant vos accusations que j’estime excessives au regard des efforts réels autant qu’inédits de mon équipe, même si, c’est vrai les avancées à faire restent très importantes. Dire que les relogements ne sont pas assez nombreux ou assez rapides est une chose, brandir les termes de « menteur » et « manipulation » en est une autre.
Les associations regroupées au sein du collectif Programme Interassociatif Logement Sida (PILS), dont vous êtes, ont, dans leur immense majorité, reconnu notre sérieux et notre engagement pour traiter les cas douloureux, qu’ils viennent de la PILS, des travailleurs sociaux, d’autres associations ou même de l’AP-HP.
Au cours du mois de mai dernier, lors de la première réunion entre l’exécutif municipal et les associations impliquées, un quiproquo s’est fait jour, fruit – je l’espère – d’une mauvaise explication : il était matériellement impossible pour mon Adjoint Chargé du Logement, Jean-Yves MANO, de trouver 50 logements avant la fin juin, sur le contingent dont disposait à cette période la Mairie. Cet objectif vaut donc pour la fin de l’année.
Sur ces attributions, nous allons continuer, parce qu’il en faut beaucoup plus. Je ne me résigne jamais face à de telles situations sanitaires et sociales: même exigeantes ou injustes, certaines critiques sont nourrissantes pour avancer. C’est, je le sais, ambitieux et difficile, et je suis souvent des plus impatients sur les délais.
Vous devez savoir qu’il n’y a pas « d’appartements Delanoë » depuis l’élection du 25 mars dernier. Pour la partie des logements sociaux attribués autrefois par le Maire, une commission pluraliste et transparente, où siègent la majorité, la minorité et les associations de locataires, décide souverainement de toutes les attributions. C’est donc devant cette commission que sont présentés les dossiers de malades du sida, dans la catégorie prioritaire de l’ « urgence médicale ». Au 20 novembre le bilan est de 35 propositions effectives transmises ou en cours.
C’est à ce niveau que s’exerce le pouvoir de décision de la Ville, le relogement effectif dépendant ensuite des bailleurs – qui ont leur totale autonomie de gestion -, du caractère complet ou pas des dossiers, et des demandeurs de logement eux-mêmes dont certains peuvent ne pas donner suite aux propositions faites (9 refus ou absence de réponse parmi les 35 dossiers).
S’il est vrai que deux cas présentés ont été refusés par les bailleurs sociaux, ils l’ont été pour des raisons réglementaires (absence de titre de séjour, inadéquation entre composition familiale et taille du logement). Est-il besoin de redire que la nouvelle majorité tient, au regard des errements passés sur le logement, plus que pour toute autre chose, à agir selon les lois et en toute clarté ?
Au sujet du cas « Stéphane » et de votre action de juillet : en se rapportant simplement à votre tract, on peut juger que son cas était à vos yeux ultra-prioritaire, étant l’exemple mis en avant avec force. Il est donc de ce fait devenu « le plus urgent » et le maximum a été fait pour le traiter comme tel. Il est étonnant que vous nous reprochiez le résultat obtenu.
J’espère que ces éléments vous feront comprendre qu’il ne s’agit pas pour les élus de la majorité municipale tout entière d’effets d’affichage, mais bien d’une volonté politique forte pour résoudre des situations précaires. C’est pourquoi nous avons également inscrit dans le budget 2001 de la Ville les crédits permettant de cofinancer 52 nouveaux appartements de coordination thérapeutique, dont la concrétisation se fait au fur et à mesure des agréments donnés par l’Etat. Et cet effort s’inscrit dans le contexte de pénurie dramatique de logements sociaux que nous avons reçue en héritage : plus de 98 000 demandeurs de logement, des personnes et des familles en grande difficulté.
La nouvelle municipalité a fait de la relance de la production de logement social une priorité majeure de la mandature. Cette année, nous aurons engagé la production de près de 3 600 logements sociaux, alors qu’en 1998, la production était tombée à 700 logements. La mobilisation du parc de logements privés vacants que vous évoquez, fait partie de notre programme d’action : La SIEMP y travaille d’ores et déjà, et le plan d’action opérationnel sera présenté début 2002.
Je comprends le souci constant de toutes les associations concernées de solutionner aussi vite que possible ces problèmes, et j’espère que vous prendrez acte tant de notre engagement que de notre totale bonne foi. Je souhaite avancer dans un esprit de dialogue et d’ouverture, chose nouvelle pour Paris. Il me semble que cet esprit constructif est plus à même à faire progresser les dossiers que les querelles de chiffres. C’est dans cet état d’esprit que je souhaite que nous puissions travailler ensemble.
Je vous prie d’agréer, Madame la Présidente, l’assurance de ma considération distinguée