Une nouvelle fois, Le Monde a le courage de tremper sa plume dans l’acide quand il le faut. Cette fois-ci, le grand quotidien se penche sur la terrible information parvenue cette semaine d’Arabie saoudite : l’exécution de trois saoudiens « coupables » d’homosexualité.
« La nouvelle est donnée en peu de mots par l’Agence France-Presse, sèche comme un verdict odieux », écrit Le Monde dans son éditorial daté du 4 janvier. « Alors que les Etats-Unis chassent les derniers talibans d’Afghanistan, la dépêche de l’AFP vient rappeler que le régime saoudien, l’un des principaux alliés de l’Amérique dans la région, est aussi fanatique que l’était celui du mollah Omar à Kaboul.
Et Le Monde d’ajouter : « au prétexte que la Maison des Saoud est la gardienne des Lieux saints de l’islam, La Mecque et Médine, le royaume ne tolère pas la moindre liberté religieuse. Il dit appliquer strictement la loi islamique (…) Il pratique la torture, les amputations et la peine de mort (…) Et la société saoudienne est ainsi en proie à une manière de schizophrénie collective : tout est permis qui reste caché mais toute liberté affichée condamnable. Cela s’appelle aussi l’hypocrisie ».
« L’islam condamne l’homosexualité. Mais dans nombre de pays arabes, comme jadis en Europe, l’homosexuel est un formidable bouc émissaire (…) Les condamnations de l’homosexualité y sont politiques. Elles y sont largement réprouvées par des populations sereinement tolérantes », souligne encore Le Monde.
« Ces condamnations de l’homosexualité en disent beaucoup plus sur l’état de la plupart des régimes arabes : peu démocratiques, en mal de légitimité, accumulant les échecs économiques, et donc en quête de boucs émissaires », conclut courageusement Le Monde.
