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Elfy – Interview Exclusive

Tourmentée et passionnante, elle parle d’amour au féminin et de « Lisa… sans son étoile ».


– Quand on lit ta biographie, on a l’impression que tu es une fille à la fois extrêmement forte et fragile. Comment te décris-tu ?

Les deux, je pense… La vérité, c’est que je suis sur le bord, « on the edge » tout le temps. Que derrière le côté les yeux bleus et les cheveux blonds, il y a 25 ans de vie pas facile dans le sens où justement je suis née et que la réalité qu’on m’a imposée ne m’a pas plus. J’ai fini par me faire un univers intérieur dans lequel je me suis complètement enfermée et qui est devenu comme une prison. Aujourd’hui j’essaie d’en ressortir en écrivant des mots et des maux. Ce n’est pas facile.

– Tes souvenirs d’enfance sont visiblement parsemés de musique…

Le premier choc effectivement, ça a été la révélation des notes classiques. Le solfège, le mercredi après midi, les gammes, quelque chose de très dur, mais en même d’extrêmement passionnant. Ce qui me reste de mon enfance : plein de belles choses, mais aussi très vite une incompréhension du monde des adultes. L’écriture de cet album a été un véritable travail sur moi-même.

– « Lisa sans son étoile » ne peut pas être disséqué morceau par morceau. On a plutôt le sentiment d’un voyage, d’une introspection… Comment est né ce disque et le personnage de Lisa ?

Lisa est apparue d’une façon assez magique à Jay Alanski, mon producteur et compositeur, qui, un jour, m’a dit : « Tiens, et si on écrivait l’histoire de Lisa ? ». Pourquoi Lisa ? Pourquoi ce prénom ? Il ne sait pas et quelque part on s’en fout… « Lisa sans son étoile », ce qui donnait un côté un peu dur. Et tout d’un coup ça a été une révélation pour moi, parce que je pouvais me cacher derrière ce personnage. C’est à dire qu’au lieu d’écrire à la première personne et d’assumer, je pouvais me permettre de la faire aller encore plus loin, la faire souffrir encore plus. C’est mon alter-ego et mon souffre-douleur. C’est elle qui vit dès le premier morceau et qui est complètement fataliste au quatorzième avec le morceau « tout est bien ».


– Il y a une chanson sur l’amour dans ton album qui parle de « latex » et de « vautours »…

Quand on écrit l’histoire de quelqu’un, forcément on espère pour lui qu’à un moment donné on va pouvoir parler d’amour, sans préciser trop les choses non plus… Et c’est vrai que les mots que tu as cités sont apparus parce qu’à un moment donné, j’ai trouvé qu’il était dur de ne pas pouvoir parler d’amour sans parler de SIDA, sans montrer du doigt les homosexuels ou encore sans parler de guerre. Toutes ces notions se mélangent.

– Dans quel état d’esprit te trouves-tu quand tu écris ?

J’écris pour survivre. C’est un grand mot quand on a 25 ans. Je suis quelqu’un qui « grille », c’est à dire que quand quelque chose ne me plaît pas, je vais l’effacer aussitôt. Je suis tellement à l’intérieur d’un corps que je n’aime pas, parce qu’on me l’a imposé, parce qu’il faut que je vive avec… Du coup l’écriture, c’est me libérer, c’est recomprendre et avancer toujours plus loin. Au bout, il y a la lumière, heureusement (rires) ! L’album n’est pas noir. Les chansons de Jay sont assez sophistiquées, elles nous font voyager.


– Quels sont tes livres de chevet ?

Comme en musique, je n’ai malheureusement jamais eu de héros… L’un des premiers livres que j’ai terminé et que j’ai relu immédiatement c’est « le Portrait de Dorian Gray », parce que je suis un peu omnubilée par la jeunesse et le côté éphémère de l’enfance et puis le milieu homosexuel d’Oscar Wilde m’a beaucoup touchée. Sinon, j’ai dévoré tous les livres de Claire Castillon. J’aime la façon qu’elle a de s’évader dans sa tête et son côté un peu vicieux. Elle aime bien tuer, elle utilise des mots durs et ca me parle vraiment. J’ai lu également un livre de l’écrivain homosexuelle Karine Bernfeld, « Alice au pays des femelles » que j’ai complètement adoré. Il y a également un livre qui m’a bouleversé et qui ne m’a pas donné beaucoup d’espoir à l’égard de la vie c’est « Une Vie » de Maupassant. Un vrai choc… Je pourrais continuer à en parler pendant des heures !

– Comment se passe ta collaboration avec Jay Alanski ? Peux-t’on dire de lui qu’il est ton pygmalion ?

Je n’aime pas trop ce genre d’étiquettes, d’autant que Jay a un très grand passé en tant que producteur. Il s’avère que c’est quelqu’un qui est au centre du projet, qu’il le porte sur ses épaules. Après 7 ans d’électronique, il voulait revenir à la chanson française. Il a eu des textes et un filet de voix sur un CD et il m’a appelée. Je ne le connaissais pas… J’ai tout découvert par la suite : son travail avec Lio, Jil Caplan, Les Innocents, Plastic Bertrand…


– Quels disques écoutes-tu en ce moment ?

J’ai écouté pas mal le dernier album de Björk parce qu’elle disait avoir fait appel à des choeurs de femmes. Jay m’a également fait découvrir beaucoup de choses comme Lou Reed et le Velvet Underground. Le dernier Leonard Cohen également. Ce ne sont pas des choses de ma génération. C’est peut-être du au fait que je n’écoute pas la radio et que je passe mon temps à lire et à écrire…

– Comment appréhendes-tu la sortie de ton disque, la scène, la promo ?

La scène, ça m’excite complètement. J’ai très envie qu’on trouve un système qui soit en phase avec moi. J’aimerais monter un projet avec uniquement des femmes sur scène… En fait, ça dépendra de la maison de disques. Pour la sortie de l’album, je suis confiante et, en même temps j’ai peur. Ce que j’espère c’est que l’ange qui est au dessus de ma tête me protègera… La promo, c’est quelque chose qui me fait du bien parce que je peux enfin parler…



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