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Téléfilm sur la déportation homosexuelle en débat

Pour un sujet grave le débat ne vole pas haut ! France 2 doit diffuser dans le mois Un amour à taire, réalisé par Christian Faure et dont l’intrigue fictive se déroule à Paris en 1942 et narre selon le didacticiel de la chaîne « le parcours de Sarah, une jeune réfugiée juive dont la famille a été décimée par les Allemands, qui est amoureuse de Jean qui lui aime Philippe. Malgré leurs différences, tous trois seront unis dans la souffrance. Ils seront déportés : Sarah parce que juive, Jean et Philippe parce qu’ils sont homosexuels. Pour elle, l’étoile jaune, pour eux, le triangle rose. ».

Le peech est mièvre alors que le sujet est grave, soit. Néanmoins, le téléfilm provoque les foudres de l’Observatoire du Communautarisme, considérant qu’il « entretient la confusion en transposant dans la France de Vichy la déportation homosexuelle orchestrée en Allemagne par les nazis en se fondant sur des thèses fantaisistes qui sont contredites par les travaux des historiens ».

C’est par un article que l’Observatoire du Communautarisme souhaite établir des vérités historiques en ces termes : « Si nul ne conteste que le régime nazi a persécuté et déporté les homosexuels en Allemagne, en application des dispositions discriminatoires du fameux paragraphe 175, il n’en fut pas de même en France. En effet, même si le régime de Vichy a rétabli des mesures faisant de l’homosexualité une infraction pénale qui avait disparu du droit français depuis l’adoption du Code Napoléon, le gouvernement de Pétain n’a pas mis en oeuvre la déportation des homosexuels. Les seuls français qui ont été déportés pour leur homosexualité – on estime leur nombre à environ 200 étaient originaires d’Alsace et de Lorraine, deux régions soumises au joug nazi après avoir été annexées par le IIIème Reich en 1940. Considérés comme allemands, les homosexuels alsaciens ou mosellans se virent appliquer la législation allemande réprimant l’homosexualité. Les historiens sont catégoriques sur ce point : Vichy n’a pas déporté les homosexuels. »

Néanmoins, l’observatoire ne se limite pas à un argumentaire historique détaillé, argumenté et appuyé avec des sources scientifiques sérieuses, elle va plus loin en s’en prenant au « conseiller historique » du film, Jean Le Bitoux, qualifié de « personnage pour le moins controversé » et à Thierry Meyssan, premier président du Mémorial de la Déportation Homosexuelle : « Porté par des hurluberlus (Jean Le Bitoux et Thierry Meyssan) et décrié par les associations de déportés, le Mémorial de la Déportation Homosexuelle a pourtant obtenu une reconnaissance politique de la part de Lionel Jospin et de Bertrand Delanoë ».

A considérer que ce téléfilm, comme malheureusement trop souvent en la matière, prend des libertés avec la vérité historique, était-ce pour autant nécessaire de sortir les bazookas contre Jean Le Bitoux ou Thierry Meyssan ?

Un point sur lequel l’Observatoire du Communautarisme a raison de porter ses foudres est le fait « d’accréditer auprès du grand public l’idée d’une persécution des homosexuels équivalente à celle que mena le régime de Vichy à l’encontre des juifs ».

Les répercutions homosexuelles des Nazis, qui obéissaient à une idéologie affirmée et définie, ont été causées par la mise en place d’une législation répressive. Oui il y a eu des déportés homosexuels ! Oui la répression du régime Nazi envers les homosexuels a été horrible mais on ne peut comparer ou mettre en parallèle les répercutions homosexuelles et la Shoah, soit l’extermination programmée et planifiée à grande échelle, systématisée, matérialisée et génocidaire de la communauté juive en Europe par les Nazis, appuyée par l’Etat Français au niveau National.

Vous pouvez lire dans son intégralité l’article de l’Observatoire du Communautarisme Ici

P.S. : Rendons à César ce qui est à César et toutes nos excuses à l’Académie Gay & Lesbienne à qui nous avions attribué dans un premier temps cet article au vitriol pour le téléfilm, il est de l’Observatoire du Communautarisme, l’Académie Gay & Lesbienne n’ayant fait que le relayer à titre informatif.

P.S. 2 : Réaction d’un Internaute suite à l’article de l’Observatoire du Communautarisme : « Ayant eu l’occasion de voir le film « Un amour à taire » en avant-première au Forum des Images en janvier à Paris, je me permets de réagir à l’article publié par L’observatoire du communautarisme qui est extrêmement critique envers le film qu’il affirme être mensonger d’un point de vue historique. Je me demande sincèrement si l’auteur de l’article en question (il n’a pas eu l’idée ou le courage de signer son texte) a vraiment vu le film avant de décréter qu’il était fantaisiste et outrancier. En effet il est reproché au film d’entretenir l’amalgame entre déportés homosexuels d’Alsace et de Lorraine (qui portaient le triangle rose) et homosexuels persécutés dans le reste de la France. Or la séquence du dialogue entre Jérémie Rénier et le triangle rose dans le train est pourtant explicite quant à la spécificité de la déportation des homosexuels français appartenant aux départements intégrés au IIIème Reich. L’auteur de l’article prétend que le film joue sur la confusion en suggérant que le gouvernement de Pétain a mis en oeuvre la déportation des homosexuels comme ce fut le cas pour celle de Juifs : c’est absolument faux, le téléfilm présente la situation particulière de Jérémie Rénier qui se retrouve déporté suite à la dénonciation de son frère cadet (qui ne le dénonce pas pour son homosexualité) et qui n’a pas maîtrisé les conséquences de sa trahison. L’article de l’Observatoire du communautarisme s’en prend au téléfilm pour toucher la vraie cible à abattre : la reconnaissance des persécutions des homosexuels européens sous le nazisme et le devoir de mémoire vis-à-vis des victimes du triangle rose, symbole de l’homophobie nazie. C’est en ce sens que l’article me paraît homophobe : alors qu’on a mis tant d’années à enfin reconnaître la réalité des faits concernant les persécutions des homosexuels pendant la seconde guerre mondiale, alors qu’enfin un téléfilm didactique se propose d’éclairer ce sujet longtemps négligé ou refoulé, voilà que c’est encore trop tôt, ou mensonger, ou fantaisiste pour l’auteur anonyme de l’Observatoire du communautarisme. La petite cerise sur le gâteau, c’est que l’auteur prétend s’appuyer sur des « historiens sérieux » pour remettre en question le travail du livre « Les oubliés de la mémoire » alors que la seule référence citée dans l’article est.un site internet. Devant un tel manque de sérieux et une telle volonté de minimiser le devoir de mémoire pour les homosexuels persécutés, je ne peux que m’indigner devant l’article haineux de l’Observatoire du communautarisme.Maxime Foerster




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