Paris,
le 2 aot 2010
Christian
Charpentier s’est teint jeudi dernier, il est mort du SIDA. Act Up-Paris
se joint la douleur et la colre de Fred, qui partageait sa vie depuis
18 ans.
Nous
sommes en colre parce que Fred est vinc de l’organisation des
funrailles par la mre de son compagnon, qui entend rcuprer l’urne, et
l’emporter en province, au mpris des volonts de Christian.
Nous
sommes en colre parce que Fred n’a aucun droit, aucune existence
juridique. Nous sommes en colre parce que les volonts de Christian
ne seront pas respectes, Fred en tant le seul rel dpositaire. Nous
sommes en colre parce que la loi franaise permet que l’histoire de
Christian et Fred soit gomme, nie, jete aux oubliettes.
Fred et
Christian vivaient en union libre, ce statut flou que l’Etat utilise
dessein lorsqu’il s’agit de rduire des minima sociaux, et qu’il ignore
lorsqu’il est question d’octroyer des droits, de reconnatre nos amours,
nos amantEs et nos vies.
L’galit des droits pour touTEs, quelle
que soit la forme de l’union, n’est pas un caprice, c’est une urgence.
Depuis la loi du 19 dcembre 2008, les cendres humaines sont des
« restes mortels ». Les cendres ont dsormais un statut juridique, ce que
les partenaires d’union libre (et de PaCS) n’ont toujours pas. A ce
titre, le partage des cendres est interdit, ainsi que la conservation
durable de l’urne au domicile d’un particulier, ce afin d’ viter les
abus . Pourtant, partager l’amiable les cendres d’unE dfuntE
constituait une alternative en cas de conflits familiaux.
La mme
loi dispose que le respect d au corps humain ne cesse pas avec la
mort. Les restes des personnes dcdes, y compris les cendres de celles
dont le corps a donn lieu crmation, doivent tre traits avec respect,
dignit et dcence . Les survivantEs, en revanche, n’ont droit ni
au respect, ni la dignit, ni la dcence. Sans testament pralable,
sans acte notarial, le conjointE en union libre est ignorE, et en
l’espce les volonts du dfunt galement. Mme mortes, nos amours
sont nies. Mme en cendres, nous restons des citoyenNEs de seconde zone,
dont les volonts ultimes ne mritent pas d’tre respectes.
Nous
ne supportons plus que les pouvoirs publics dcortiquent nos vies et
hirarchisent nos amours, et ce n’est par ailleurs pas l’Etat de dcider
quel est le bon usage faire des cendres d’un tre cher.
La
volont de Christian Charpentier est que ces cendres soient mlanges
celles de son compagnon, lorsque celui-ci disparatra son tour. La
loi franaise bafoue ses dernires volonts.
Act Up-Paris exige :
– l’galit des droits pour tous les couples, homosexuels,
htrosexuels, maris, PaCSs, en union libre. – la mme protection
personnelle, sociale, patrimoniale, pour toutes les formes
d’union.
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