La cellule Thémis qui prend en charge et accompagne des victimes de violences sexuelles dans l’armée s’est saisie de 96 cas, dont 41 pour « harcèlement sexiste dont discriminations », 27 pour « agression sexuelle », 24 pour « harcèlement sexuel » et trois pour « violences et menaces physiques visant une femme ».
La victime a du mal à « parler immédiatement »
« On traite à peu près une centaine de dossiers », a déclaré le contrôleur général Bernard Ducateau, qui dirige la cellule, lors d’une conférence de presse à Paris. « Un tiers sont classés comme traités, deux tiers sont pratiquement traités mais nécessitent un suivi de la victime dans la durée ».
« Il y a certainement des violences sexuelles qui sont commises actuellement qui nous seront révélées dans un ou deux ans », a-t-il ajouté. « C’est la caractéristique de ces violences, la victime n’est pas en capacité de parler immédiatement. »
Sur les 96 cas, 70 ont été commis avant le 15 avril 2014, date de création de la cellule, et n’ont pas forcément tous reçu un traitement adapté de la part de l’administration.
90% des victimes sont des femmes
Le profil type d’une victime est une femme militaire de moins de 30 ans, indique le contrôleur général, précisant que 90% des victimes sont des femmes, les 10% restants étant des hommes, victimes d’homophobie.
Vingt-cinq pour cent des faits se déroulent dans les locaux d’hébergement (casernes et bases). Les militaires du rang sont principalement concernés puisqu’ils représentent 70% des victimes et 60% des auteurs.
La parution en février 2014, de « La Guerre invisible », un livre brossant le portrait d’une armée française où les cas de harcèlements physiques et verbaux sont légion, avait créé une onde de choc et conduit les autorités à annoncer l’ouverture d’une enquête.
À la suite de cette enquête, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian avait présenté un plan d’action pour prévenir les risques de harcèlement et lutter contre les violences sexuelles au sein de l’armée. Depuis, « la prise de conscience se poursuit », estime Bernard Ducateau. « Il y a des enquêtes administratives qui sont diligentées sur de nombreux dossiers, il y a des dénonciations de faits assez facilement, l’information a tendance à mieux remonter, le commandement fait preuve de sévérité et des mesures conservatoires peuvent être prises très rapidement ».
Source : Ouest France